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La vie dans le village au XIXe siècle
L'administration.
En 1800 (an VIII du calendrier républicain), une administration nationale forte se met en place. Elle est bien structurée.
Elle supprime l'administration cantonale de Loisey, et les deux villages de Loisey et Culey seront dorénavant rattachés au canton de Ligny en Barrois.
Cette administration hiérarchisée couvre tous les fonctionnaires… dont les prêtres.
Les conseils municipaux sont créés, reflètant ainsi les opinions émergeant de la population.
Suivant les régimes, les élections et nominations des maires par le Préfet alterneront. Puis, à partir de 1875, c’est le conseil municipal qui élira le maire. Celui-ci devra rendre des comptes aux autorités administratives suivant les lois en vigueur.
Jean Bichebois sera le premier maire de Loisey nommé par le Préfet.
Conciliant, on notera qu'il autorisera la dépense de 12 Francs pour la fête du 14 juillet 1802 (une fête qui ne sera officialisée qu'en 1880).
Il aura aussi l'honneur de présider le baptême de deux cloches de l’église le 15 novembre 1804, en présence des anciens notables rescapés de la Révolution !
Mais les privilèges ne s'arrêtent pas là : dans l'église bien trop exigue à l’époque pour la nombreuse population, on a réservé le premier banc au conseil municipal !
Toutes ces faveurs accordées n'incitent pas toujours au civisme, car le maire se sentira obligé de menacer de dénonciation les conseillers qui ne se présenteraient pas à la salle de la mairie (située à l'époque dans le presbytère actuel ), à la suite d’ une convocation faite au sujet de la levée de 120.000 conscrits le 26 septembre 1802.
Ce n’est pas mieux pour les administrés qui auraient peut-être pris de mauvaises habitudes pendant la Révolution... Car en août 1805, quatre lettres ( anonymes, bien sûr ! ) parviennent à la préfecture. Elles accusent le maire de malversation, de protection d'amis, de dessous de table empochés lors de la remontée des cloches, de retard dans les paiements. En outre, il aurait fait couper deux chênes pour faire des croix. ( En réalité, on a effectivement coupé du bois, mais point fait de croix. ) Et puis, « Il a eu une affaire au Tribunal Civil de Bar en l'an VII où il fut prouvé être un coquin. Il n'a plus la confiance de la population qui lui aurait préféré M. Beauval, le beau-frère de M. Longeville, car le frère de ce dernier qui était maire de Loisey pendant les agitations les plus dangereuses de la Révolution, a su faire régner la tranquilité à Loisey ! «
En mars 1806, le maire M. Bichebois réfute point par point les accusations, et dit que deux individus, et non toute la population, lui vouent une haine tenace. Il écrit : « Un de mes dénonciateurs envoya, lors des réquisitions de foins, quarante balles de fumier paré, ce qui irrita le maire de Ligny ! « et il termine par : « Fort de ma conscience… j'attendrai que ces imposteurs m'attaquent ouvertement pour faire peser sur eux la vengeance des lois, et imprimer sur leur front la flétrissure dont ils sont dignes ! ».
A sa nomination le 19 août 1800, le maire Jean Bichebois avait proposé dix citoyens dignes d’être conseillers municipaux, parmi lesquels on peut citer pour les plus connus : François Morel, Jean Gaillet, et Pierre Varin.
- François Morel était « chirurgien » (le médecin de l’époque), notaire, et ex-président du canton de Loisey pendant la Révolution. Il se maria avec Jeanne Pérard, la fille du receveur des finances du village d’avant la Révolution.
Ils habitaient au 83 de notre Grande Rue actuelle, qui avait été justement l’ancien siège des finances royales tenu par son beau-père qui avait eu la confiance du très riche Duc du Châtelet-Haraucourt.
Ils eurent un fils, Jean-Alexandre, né en 1775, qui put suivre des études extraordinairement élevées à l’époque : D’abord militaire, il fut colonel d’artillerie à Austerlitz en 1805, et ensuite polytechnicien (4e promotion), puis professeur dans le duché de Parme et directeur-adjoint de l’école Polytechnique de Paris. Il devint plus tard spécialiste de musique ancienne et publia une théorie musicale universelle. Il fut employé par le gouvernement pour l’application du chant choral dans les écoles.
- Jean-Baptiste Gaillet est né en 1766 à Savonnières-en-Perthois. Il était curé constitutionnel à Varennes-en-Argonne lors de l’arrestation du roi Louis XVI.
Devenu révolutionnaire, il se maria avec Clothide Ponsin et aboutit à Loisey en 1794.
Il n’utilisera plus désormais que son premier prénom Jean, et se fera nommer secrétaire général du canton de Loisey.
Il fut ainsi un responsable politique très important dans le canton pendant toute la Révolution. De ce fait, il logeait et travaillait dans le presbytère devenu vacant au début de la Révolution.
On sait qu’il envoya des prêtres réfractaires en déportation, et il eu à subir une violente émeute contre lui en 1796. Il en réchappa tout de même et, après la Révolution, devint Receveur Local (percepteur) en 1800 pour cinq villages tout en continuant à résider à Loisey.
En 1824, il perd sa place pour des raisons politiques, et retrouve de nouveau sa fonction de 1831 à 1840.
Puissant fonctionnaire, et sans doute très craint, il se constitua une fortune que l’on estimerait de nos jours à deux millions d’euros.
On sait qu’il trafiquait, surtout sur les biens nationalisés à Révolution... s’enorgueillissant en plus du titre de marchand de bois.
Il avait aussi « arrangé » le paiement de ses propres impôts locaux en faisant inscrire sa dernière maison acquise, la plus belle du village au 83 Grande Rue (l’ancienne maison Pérard-Morel), dans la plus basse classe des estimations foncières.
Jean Gaillet décède à Loisey en 1842.
Les obsèques de cet ancien prêtre défroqué qui avait célébré le culte républicain dans l’église de Loisey feront tout de même l’objet d’une cérémonie religieuse officielle célébrée par trois prêtres dans un décorum inusité jusque là.
On suppose que le corps de Jean Gaillet, qui était fonctionnaire en retraite à la fin de sa vie, a été béni par ces trois prêtres (tous fonctionnaires à l’époque) en suivant les ordres du Préfet, patron de tous les fonctionnaires meusiens. Ce Préfet entretenait, par ailleurs, des relations politiques très étroites avec le défunt.
On se doute que les chrétiens du village ont du être scandalisés devant un tel spectacle.
Jean Gaillet a été inhumé dans l’ancien cimetière entourant l’église, et il ne subsiste aucune trace de sa tombe.
- Pierre Varin habitait dans l’actuel 77 Grande Rue à Loisey dans les années 1770 et les suivantes.
Il était négociant en vins en Lorraine, en Belgique, et en Hollande.
Il a été Receveur de la Charité de Loisey en 1774, puis Maire Royal en 1776-1777. Il fut Syndic de la commune en 1778.
Il était décimateur des dîmes (impôt payé au clergé en nature) de grains et de vins qu’il stockait dans une grange dîmeresse (dans l’actuelle Rue des Dîmes à Loisey).
Il était aussi fermier et débiteur de biens pour les cures de Loisey, Richemont, et du Prieuré de Reynel.
Pierre Varin a été marié à Madeleine Bernier, et a eu quatre fils qui, à la Révolution, avaient les positions suivantes :
- Rémy, prêtre, et émigré.
- Gabriel, négociant en Belgique
- Jean-Baptiste, qui était soldat de la République .
- Nicolas, qui était aussi un soldat de la République. (le futur fondateur de la banque Varin-Bernier à Bar-le-Duc)
A la Révolution, Pierre Varin est emprisonné à Bar de 1793 à Noël 1794 pour motif de « fanatisme ».
Il est imposé pour payer l’équipement de deux militaires, en contrepartie de Rémy qui était émigré, et de Gabriel parti à l’étranger. Ses terres et ses biens sont confisqués.
Le coup d’état du 18 brumaire (9 novembre 1799) met fin à ce désordre révolutionnaire, et Pierre Varin retrouve alors un poste de confiance en août 1800 grâce à sa nomination de conseiller municipal à Loisey.
De 1815 à 1818, nos villages subissent une invasion ! Voici donc de nouveaux maitres, car on avait plus vu de troupes étrangères dans nos contrées depuis la guerre de 30 ans, ( vers 1650 ! ). Ils arrivent sur les talons de la Grande Armée. Ainsi, russes et prussiens, en occupation ou en manœuvre, vont imposer leurs lois aux habitants, mais aussi bien des tracas à leurs maires… L'armée russe manœuvre dans le sud-meusien en septembre 1815 : 100.000 hommes et 30.000 chevaux.
Culey n'a fait que rarement ses comptes, cependant, on sait qu’on y loge 130 fantassins et 160 chevaux de lanciers russes.
Loisey, plus précis, signale un passage incessant de troupes en septembre et octobre 1815 « qui, obligatoirement, passent à Culey » : Infanterie, grenadiers d'Astrakan, cosaques, compagnies d'ambulances restant un ou deux jours.
Le contingent maximum reçu à Loisey est de 1000 hommes et 160 chevaux (« Etat-Major et 1er Régiment de la 12ème Division d'Infanterie russe »)
En 1817 et 1818, ce sont les prussiens qui sont de passage. Le roi de Prusse passe en revue 90.000 hommes et 24.000 chevaux à Saint -Aubin.
A la dislocation, 120 hommes logent à Culey, là ou ils manoeuvrent. Autant sont présents à Loisey.
Il y a des réquisitions, des rations à fournir aux hommes et aux chevaux, des logements destinés aux troupes, mais également des sommes a payer à l’occupant : Il y a donc alors parfois des rapports tendus avec ces derniers, d'où beaucoup de travail pour les maires. Ajoutons à cela les récriminations des communes qui se sentent plus chargées que leurs voisines : C'est le cas du maire de Resson (« 180 hommes en cantonnement pendant 6 mois ! » ), et qui se plaint : « Culey n'a eu de cantonnement que pendant 3 mois ! »...ou bien le cas du maire de Ligny qui écrit à celui de Loisey en 1814 : « Pour réquisition incomplète fournie : Le commandant de la place est prêt à vous envoyer 20 hommes oisifs… et armés… si la réquisition n'est pas remplie à 5 heures du matin ! ».
Malgré ces tribulations, les maires restent toujours une bonne cible pour leurs administrés qui ne manquent pas de continuer à se plaindre malgré cette situation difficile.
C’est sans doute encore une dénonciation qui va inciter le préfet à nommer un commissaire enquêteur à Loisey en février 1817, à propos des « gestions particulières et secrètes » que le maire M. Varin aurait faites : « Ventes de bois irrégulières, indemnités pour logement des troupes non inscrites en caisse... » Le commissaire écrit : « J’ai trouvé la comptabilité fort embrouillée, manquant de quittances valables… Il n’est pas douteux que le maire de Loisey s’est persuadé que sa place le mettait au-dessus des règles administratives… Un peu de mésintelligence existe entre lui et le percepteur (Jean Gaillet) dont il répugne à dépendre sur le plan comptable… Sa gestion est plus imprudente que répréhensible ; Il a été maire dans l’invasion et a agi suivant les circonstances.
Ce qui m’a le plus frappé, c’est la vente aux enchères publiques des fûtaies que, normalement, se partagent les habitants. Estimée à 400 francs, elles ont été vendues à un prix tel que, après remboursement des sommes avancées pour fait de guerre, la vente a rapporté un solde de 1396 francs. » Interrogés, les conseillers n’ont aucune plainte à porter contre le maire. Celui-ci conclut en écrivant : « Ma manière d’opérer a permis d’éteindre la dette qui dépasserait 10.000 francs (ce qui occasionnerait des impôts supplémentaires) et de payer les gardes-champêtres, empêchant ainsi le pillage »…
Le pillage et le maraudage s’intensifiant aussi cette année là, on paie les deux gardes forestiers pour se joindre aux deux gardes-champêtres : ils veilleront jour et nuit sur les récoltes… Salaire : chacun un cent de fagots !
Dans le budget de Loisey en 1819, on note 4175,92 Francs de remboursements pour le logement des troupes prussiennes de 1816 à 1818 alloués à divers habitants concernés.
On notera également 16 Francs payés au cirier de Lavallée pour les cierges fournis à l'église pour "le service funèbre de Louis XVI et de son auguste épouse". ( L'écriture est de Jean Gaillet, ce qui amène à sourire...)
Une fois les envahisseurs partis, la paix n’arrivera que très lentement. D’ailleurs, vers 1830, les rôdeurs sont encore trop nombreux dans le village au point que la municipalité établit un corps de garde composé de huit hommes. Ils patrouilleront, la nuit, dans les rues.
Dans les années 1820, c’est à Jean-Baptiste, le fils de Pierre Varin que revient la fonction de maire.
La paix intérieure qui va suivre le départ des derniers prussiens en 1817 verra une population augmenter et culminer dans le village dans les années 1850, avec une évolution des modes de vie liée à la technique.
La Révolution a laissé des résultats positifs : chaque village va vivre en autonomie, la commune sera séparée de la paroisse. Désignés ou élus, le maire et son conseil devront mettre en application de nombreuses réglementation : la police pour la protection des biens, la prévention des incendies, l’amélioration de l’instruction, de l’hygiène, de la lutte contre les épidémies, la réglementation du commerce, du transport… Tout converge vers la mairie qui veillera aussi à la bonne utilisation des nouveaux systèmes de mesure… un véritable bouleversement !
Le curé de la paroisse (qui sera un fonctionnaire jusqu ‘en 1906) garde une grande influence morale, aux pouvoirs limités à son domaine.
Le XIXe siècle redessine le centre de notre village.
Près de l’église, va se construire la mairie, proche des écoles. Erigée au centre de la place, cette dernière représente le pouvoir municipal à côté du pouvoir écclésiastique. On va même essayer d’y installer une horloge, concurrente de celle du clocher…
Tous ces bâtiments représentent le symbole des trois autorités communales qui domineront le village jusqu’au milieu de XXe siècle : le maire, l’instituteur, le curé. Leur collaboration sera bénéfique, sans pour cela éviter quelques grincements !
L’année 1825 verra de gros changements à l’église avec l’érection de son tout nouveau clocher et la construction des deux chapelles annexes. Ces travaux ne créent pas de difficultés entre le maire et ses administrés, sauf pour le vote d’une imposition extraordinaire au « Marc le Franc » (centimes additionnels) pour payer la dette. Mais cette extension de l’église, diminuant sérieusement la superficie du cimetière qui l’entoure, amène à ce sujet une longue controverse, car en 1832, une soudaine épidémie de choléra fait des ravages dans la région. Loisey ne sera pas épargné, au point qu’un nouveau cimetière des « cholériques » doit être créé par nécessité à l’angle des chemins de la Chalaide et de Pouillon. Onze corps y auraient été enterrés entre juin et septembre 1832. Une croix toujours en place y rappelle son emplacement…
Le docteur Pierre, qui habitait au 12, rue Entre-Deux-Ponts, essaiera de soigner de son mieux les cholériques de Loisey et de Salmagne !
Une nouvelle épidémie de choléra, moins importante que la première, va encore emporter de nouveaux habitants en 1839.
Loisey, apaisé à la veille de son apogée de 1840 à 1860 (voir le chapitre dédié), est bien « photographié » par le nouveau cadastre qui arrive dans notre mairie en 1839. Nous pouvons en détailler tous les éléments de sa superficie totale de 1345 hectares morcelée en 8263 parcelles ainsi réparties :
505 ha de forêts – 500 ha de terres labourables – 167 ha de vignes – 125 ha de friches – ainsi que 48 ha qui ne sont pas identifiés et représente peut-être le bâti…
Cette étude avait été réalisée sous le mandat de M. Mathelin, le maire de l’époque.
On a constaté que la Révolution avait été responsable, en grande partie, de la parcellisation des terres, surtout dans le vignoble.
La première matrice cadastrale, éditée ensuite à partir de 1847, nous permet de détailler avec les n° de section et les n° du plan, les propriétés bâties du village.
Elles se répartissent ainsi en 205 maisons ou fermes, 2 moulins à eau, une huilerie, et 6 pressoirs.
Ainsi, avec le cadastre, les recherches pour les ventes, successions, ou pour les locations, vont se retrouver facilitées…
Est-ce que cela supprimera toutes les difficultés ? Que non ! Car il y aura encore des plaintes pour « anticipation » (appropriation volontaire et indue).
Les protestations d'agriculteurs sont fréquentes : Beaucoup empiétent sur les terrains des voisins ; et comme chacun essaie de se voler mutuellement, tout le monde finit par y retrouver son compte... sauf la commune qui n'exploite pas, et qui voit surtout ses chemins rétrécir à vue d'oeil.
En 1866, cela ne sera pas du goût du pâtre communal qui ne peut même plus faire circuler librement son troupeau...
Des frais sont alors engagés en urgence par la commune pour l'abornement des voies principales...
Mais voici la plus grave des usurpations relevée :
En 1875, il y a une plainte par pétition d’habitants de Loisey contre les frères X… « qui s’emparent d’une partie des friches communales sans que l’administration réagisse ».
Cette anticipation avait déjà fait l’objet de débats au conseil municipal en 1849, 1855, et 1860… Il y en aura d’autres en 1878, 1919, 1938, 1939… : « La commune paie des contributions pour des terrains, boisés par d’autres, qui en tirent profit ».
En 1939, on croit trouver une solution amiable : Les deux frères X… sont devenus sept « propriétaires » qui devront payer une somme proportionnelle à ce qu’ils détiennent indument…
En fait, le litige ne sera résolu définitivement qu’au bout d’un siècle, le 6 mai 1955 : Le conseil décide que le patrimoine communal ne peut être démembré ! Au total, il aura donc fallu attendre 106 ans pour régler un différent entre quelques habitants et la mairie... La clé du mystère doit peut-être se trouver dans l’influence ou la présence au conseil d’un ou plusieurs propriétaires pour toujours repousser « à plus tard » une éventuelle solution.
Le cadastre de 1839 permit aussi à l’administration de clarifier certains impots d’état (les impôts locaux), avec une particularité surprenante à Loisey : On avait localisé sur le plan, les différentes propriétés en leur donnant un numéro de code allant de 1 (minimum) à 8 (maximum), un indice de valeur servant à établir l’impôt foncier local. Il est amusant de relever que la propre maison du percepteur d’alors (Jean Gaillet), la plus belle du village, bénéficiait du code le plus bas : 1... Ce gros travail d’investigation avait été totalement maitrisé par Jean Gaillet lui même et authentifié auprès du Préfet !
Un autre détail savoureux concernant les impôts :
La municipalité ayant des pouvoirs sur la formation de la taxe foncière dans les années 1850, décide d’imposer sur le nombre de portes et fenêtres des habitations. Mécontents, certains propriétaires loiséens obtureront volontairement une ou plusieurs ouvertures !
Quelques projets saugrenus émanent également de la même époque :
En 1847, la commune envisage la construction d’une mairie-école. Elle fait donc établir un plan par un architecte. Et sans doute pour s’opposer au prêtre en place, elle choisi un bâtiment qui sera à cheval sur le ruisseau qui passerait donc en dessous, faisant face à la cour du presbytère.
Le bâtiment couperait ainsi la petite rue Entre-Deux-Ponts et occulteraient la vue du presbytère sur l’église ! (Des républicains anticléricaux sont sans doute majoritaires au conseil municipal...)
Sentant la provocation, le projet est rejeté par le Préfet et par l’Evêque.
On refait donc dans la foulée un nouveau projet de mairie, qui, elle, sera réellement construite en 1853, à une vingtaine de pas du clocher, et qui ne provoquera personne.
Mais on persiste tout de même à vouloir montrer son indépendance, et on dote le nouveau bâtiment d’un clocheton, muni d’un joli cadran en pierre, mais qui n’indiquera jamais l’heure… faute d’aiguilles et de mécanisme !
Au début du XIXe siècle, il va être nécessaire de remettre en état de fonctionnement le système scolaire qui a été lui aussi, assez bousculé après la Révolution.
Certaines tensions surviennent : En 1806, le curé de Loisey invite le conseil municipal à faire disparaître un état des choses « déplorable » selon lui :
« L’enseignement de la jeunesse souffre singulièrement dans cette commune, car les enfants de l’un et de l’autre sexe se trouvent, pour ainsi dire, pêle-mêle et enlacés dans la maison d’école ! »
Le conseil délibère et trouve une parade ressemblant à un règlement de compte :
Considérant que le presbytère est très vaste, on pense « qu’il serait possible, sans gêner le desservant, d’y loger une salle d’école et une chambre pour la sœur enseignant à l’école ».
On demande donc au préfet s’il serait possible de distraire une partie de la cure pour y construire là, ce que l’on demande…
En 1817, M. Mathelin, le maire de Loisey, projette la création d’une école des filles, en échangeant une maison, et en profitant d’un don fait par M. de Longeville. Il consulte donc les 212 chefs de famille du village : 72 l’acceptent, 59 s’opposent, 26 refusent de donner leur avis, et 55 sont absents.
Sur la liste d’émargement, on peut lire les commentaires suivants : « Je désapprouve l’approbation donnée hier par ma femme... » ; « Je désirerais qu’il n’y ait pas d’école à Loisey et déclare ne pas savoir signer ! «
Autres commentaires : « On dit que le maire, le percepteur, et les conseillers s’étaient ménagés pour recevoir des remises de la part du vendeur de la maison ». Commentaire du maire : « Bichebois, habitué à faire , comme d’habitude, de l’opposition, n’a rien négligé pour exiter les habitants à se prononcer contre l’échange projeté ! ».
En 1823, l’école est de nouveau sur la sellette. L’adjoint, M. Bichebois, est révoqué par le ministre de l’intérieur sous différents motifs. En particulier : « il a exité les habitants contre le maire et le curé, les incitant à se rassembler, nuitament, devant la maison du maire pour refuser l’établissement d’une sœur d’école en remplacement d’une institutrice. Il a détourné les habitants de payer la cotisation affouagère (qu’il n’a pas payé lui-même) pour ne pas aider à meubler la « sœur noire ».
L’institutrice, elle, avait dû quitter son poste, … serrée d’un peu trop près par le curé desservant…
C’est du moins ce qu’un de ses proches, colonel en retraite, avait écrit à l’Evêque de Verdun…
A croire que notre vallée, couverte de vignobles, inciterait à l’humeur gaillarde car l’Evêque de Verdun réécrit au maire de Loisey le 18 septembre 1835 : « Linstallation de l’institutrice de la commune de Loisey a provoqué une espèce d’émeute à laquelle, j’aime à le croire, le curé est étranger… M. le maire, usez de votre influence pour empêcher d’invectiver contre M. le curé Lampson, et contre qui une plainte a été portée et qui va quitter le diocèse de Verdun incessamment... »
C’était le même curé qui avait déjà fait l’objet d’une lettre en 1823… Il quittera le village avant la fin de l’année 1835. (Au grand soulagement du maire, n’en doutons pas!)
Faisons une petite pause dans ces querelles de village pour évoquer un mode de scrutin maintenant révolu : le suffrage censitaire. En 1840, voici ce que cela donnait à Loisey :
La population comptait 828 habitants , et 10 % de la population formait le corps électoral, soit 83 électeurs (uniquement des hommes). Ils étaient les 83 contribuables payant la cote la plus élevée avec également les électeurs de droit (officiers en retraite par exemple, même s’ils n’étaient pas contribuables : A Loisey, il y en avait quatre)
La contribution fiscale la plus élevée était payée par Jean-Théodore Ponsin, marchand de bois, qui payait 115,86 francs. Le dernier de la liste de ces heureux inscrits était Jean-François Toussaint-Regnault, maçon, qui payait 27,78 francs.
Ces électeurs n’étaient pas obligatoirement des habitants du village, il suffisait qu’ils y payent une contribution !
Un électeur de droit pouvait également être inscrit comme électeur contribuable censitaire, d’où certaines convoitises lors de l’établissement des listes électorales… ce qui amènera à la plainte suivante :
En février 1842, l’adjoint de Loisey, Jean Gaillet, écrit au Préfet : « La liste des électeurs a été fabriquée par le maire, seul ! Et il l’a fait signer, à son domicile, par deux répartiteurs, mais il ne me l’a pas présentée… Je ne l’aurais pas signée ! »
« Est-ce que le maire ne jouirait pas d’un triomphe qui ne plairait pas au plus grand nombre ? » écrit-il en parlant du maire M. Mathelin… La plainte de Jean Gaillet est appuyée de deux lettres confirmant les faits, et signées par les conseillers Noireaux et Ponsin… Et on remarque qu’elles sont écrites de la plume de l’adjoint Gaillet … qui s’est permis d’authentifier les signatures !
En avril, l’adjoint Gaillet se plaint de nouveau au Préfet : Il dit que les sessions du conseil qui ont suivi l’élaboration des listes électorales ont été très orageuses, qu’il y a eu des injures… Il traite le maire de « captieux (fourbe), omnipotent, incapable, insolent, despote »… Le vieux fiel du révolutionnaire est encore au fond de son encrier…
Le maire M. Mathelin écrit donc au Préfet pour se justifier, il ajoute : « La tâche m’est rendue difficile par celui qui devrait m’en permettre la faciliter ! »
Le Préfet précise alors au maire qu’il a procédé irrégulièrement, et lui rappelle les termes de la loi à ce sujet. Il incite donc le maire à faire cesser cette mésintelligence…
Mais ce sera la mort de Jean-Baptiste Gaillet, le 6 décembre 1842, qui coupera brutalement court à cette mésentente entre maire et adjoint…
En 1854, ce sera au tour de Maître Vautrin, notaire et maire de Loisey, d’être calomnié dans une lettre anonyme de quatre pages arrivant en préfecture ! L’anonymat enlève, heureusement, tout crédit à son auteur. Ce pauvre maire servira souvent de cible par la suite : En 1857, 26 habitants vont « pétitionner » contre lui car « il voudrait évincer le pâtre ». En 1860, malgré son maintien à son poste de maire, il est de nouveau l’objet d’une plainte en huit points portant sur le ruisseau, les usoirs, diverses anticipations, le garde-champêtre…
A propos de cette plainte, le juge de paix écrit alors au Préfet : « Le plaignant (Julien Bichebois), renouvelle ses plaintes à chaque changement de Préfet… comme il renouvelle ses mauvaises chicanes à chaque changement de juge de paix ! C’est un homme dangereux, vivant d’expédients. Il se constitue un parti opposé au maire (et à l’occasion, opposé aussi au Gouvernement). Un exemple à son égard porterait un fruit utile dans cette commune réputée la plus divisée de la région »…
Le Préfet retournera alors la plainte au maire en priant ce dernier de dire à Bichebois que le Préfet est mécontent !…
Il y aura aussi des litiges que l’on classerait de nos jours dans un chapitre intitulé « écologie », car l’insalubrité, aussi vieille que nos villages, voit soudain se lever ses premiers pourfendeurs.
Ainsi en décembre 1881, Guillaume Lindin de Loisey écrit au Préfet pour dénoncer « une administration marâtre et de mauvaise volonté… Il y a insalubrité de la voie publique ; les puits sont gâtés : car au lieu d’amender les cultures avec leurs immondices, « ils » amendent les rues, les ruelles, les maisons, ainsi ce que chaque maison a de plus cher : ses sources ! »
Le Préfet transmet la lettre au conseil municipal de Loisey qui répond au sieur Lindin de faire ses réclamations « contre qui il pense ».
En 1884, il y a encore une plainte de plusieurs habitants de Loisey : « Des latrines sont établies sur le ruisseau en assez grand nombre ! Le maire, le premier, est en infraction. » Le notaire ne veut pas détruire ses latrines, et le maire demande un sursis d’exécution à l’ordre de démolition… Le Préfet accorde donc un sursis de quinze jours.
En 1870, Loisey subit de nouveau une invasion comme cela s’était passé en 1815.
Cette guerre remet le maire et son conseil devant des responsabilités énormes et inédites.
Les brutalités, prussiennes cette fois, s’imposeront et par leurs présences, et par leurs exigences jusqu’en 1873…
Les prussiens occupent donc le village et nous infligent d’abord onze réquisitions en nature ou en argent en deux mois.
Le maire décide alors d’adjoindre à son conseil les dix propriétaires les plus imposés pour prendre les décisions nécessaires.
Un emprunt de 7000 F est lancé, au taux de 5 % ; l’assemblée s’en porte garante. Par suite de nouvelles exigences prussiennes, l’emprunt est porté à 11000 F ! Il sera couvert par 16 bons : un de 4000 F, trois de 1000 F et plus, et treize de 100 à 500 F.
Les réquisitions, uniquement destinées à l’armée prussienne, ne suppriment pas pour autant les impositions habituelles.
Pour alléger la dette, le maire demande l’autorisation de vendre deux coupes du quart de réserve, ainsi que les affouages.
L’assemblée élargie, sollicitée pour voter en plus « vingt centimes additionnels » pendant dix ans, refuse en bloc son aval : seul le maire signe.
Pour se libérer des prussiens, la France doit verser une somme énorme : cinq milliards de francs-or… Une souscription est lancée dans tout le pays, et suivant le conseil d’arrondissement, le conseil municipal désigne le 28 février 1872, un comité de réception des souscriptions... un comité qui sera uniquement féminin ! En voici la composition :
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Mme Larcher - épouse du notaire : présidente ;
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Mme Lelièvre-Toussaint – rentière : vice-présidente ;
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Mme Bertrand-Bichebois – commerce du bois : secrétaire ;
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Mme Saintin-Denot – propriétaire : membre ;
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Mme Mathelin-Vautrin – cultivatrice : membre ;
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Mme Petitjean-Toussaint – propriétaire : membre ;
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Mme Jeannin-Ponsin – propriétaire : membre ;
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Mme Lelièvre-Bichebois – propriétaire : membre.
La quête, faite par les membres de cette commission, rapporte 1251,05 F. Il y aura au total 135 souscripteurs, dont 55 seront des femmes. 24 souscriptions sont supérieures à 10 F.
Il est intéressant de noter que cela paraît la première activation officielle d’une association uniquement féminine dans notre village : Elle est efficace !
Les 135 souscripteurs savent signer, et noter également les patronymes doubles… pour éviter les homonymies.
La République et la politique.
Avec l’avènement de la République en 1875, les passions politiques nationales se propagent jusque dans nos villages où il y a des accrochages au sein même des conseils municipaux.
En octobre 1885, six membres du conseil de Loisey signalent que le maire a fait afficher à la mairie et fait distribuer aux électeurs, un exemplaire du journal « L’Echo de l’Est », qui donne la liste des candidats « réactionnaires » : une liste dite conservatrice.
Ce journal annonce également la reprise des combats et l’envoi de renforts au Tonkin « qui alerte la population contre le gouvernement et les candidats républicains ».
M. Bryon (un ancien médecin militaire et futur maire de Loisey), qui est membre du comité électoral républicain, écrit au député le 17 octobre que : « le maire, un réactionnaire furieux des résultats obtenus par le parti républicain, descendait le village de nuit, accompagné de quelques hommes, et traitait les républicains de pétroleurs et de communards. Il enfonça la porte d’une maison... Le voisin, effrayé du tapage, et arrivé sur le seuil sans avoir eu le temps de s’habiller, fut menacé de verbalisation pour outrage à la pudeur…
Le maire se vante de ses sentiments, et il est de connivence avec le curé.
Il fait fermer les portes de l’église lorsqu’on doit sonner la Fête Nationale…
Il fait distribuer des brochures en patois, et des journaux hostiles aux candidats républicains…
Pour punir le menuisier qui n’avait pas voté pour lui, il ne lui a pas passé commande pour 500 F de travaux communaux…
Si on ne tient pas ferme vis à vis du maire, les républicains perdront des voix... ».
M. Bryon n’en veut pas à la gendarmerie, qui a enquêté sans conviction, mais à son maréchal des logis, « auquel il reconnaît une grande bêtise… et pas autre chose ! »
A la suite de cette affaire, le maire a été suspendu... Mais n’étant pas révoqué après le délai d’un mois, il a quand même pu reprendre son poste.
En octobre 1888, le docteur Bryon, devenu le nouveau maire de la commune, s'engage en plus de ses activités, à continuer de donner gratuitement des soins aux malades du village sans aucune distinction. Il décharge de ce fait M. Cochet qui s'occupait jusqu'alors des services de la charité à Loisey.
Cet élan de générosité ne sera pas le seul en cette fin du XIXe siècle car, le 11 janvier 1890, le docteur Pierre Toussaint, médecin à Ligny et natif de Loisey, lègue après le décès de sa femme et en souvenir de ses parents décédés dans notre commune, la somme de 10.000 Francs pour la création d'un bureau de bienfaisance dans le village.
En 1891, les rapports deviennent difficiles entre le conseil municipal et le conseil de Fabrique de la paroisse.
Un paragraphe de la délibération du conseil de Fabrique constate "la pénurie du linge de culte et l'impossibilité d'y remédier faute de ressources."
Le conseil municipal ne voit pas sans un profond étonnement présenter un tel argument quand au su de tout le monde, (et de l'aveu même du curé), près de 20.000 F de la commune ont été dépensé depuis peu d'années pour l'embellissement de l'église... Ces sommes n'ont jamais figuré sur un budget de la Fabrique. Elles ont été données à la sollicitation du curé, et touchées par lui sans aucun contrôle, pour être affectées à un but spécial.
Les tiraillements entre la municipalité et la paroisse continuent la même année à propos d'un leg effectué par M. de Beauval, car aucun des comptes de la Fabrique présentés en mairie ne le mentionne, et aucune pièce justificative n'en venait à l'appui.
Pendant cette longue période de lutte politique entre « républicains » et « cléricaux » à la fin du XIXe siècle, on trouve aussi cette anecdote du 24 août 1891 :
L’abbé Rouyer, le curé du village, aurait dit devant témoins dans le vestibule de l’épicerie-bureau de tabac laissé porte grande ouverte : « Le conseil a fait de l’ouvrage de cochon ; je croyais qu’il y avait encore deux ou trois honnêtes gens là-dedans, mais je me suis trompé ! »
La municipalité menace alors de démissionner à la suite de ces propos tenus dans un lieu public… L’Evêque de Verdun, qui entre-temps a reçu une lettre d’excuse du curé, ne veut pas le muter.
Le 1er décembre 1891, le Préfet écrit au maire de Loisey que "malgré les instances réitérées auprès de l'Evêque, je n'ai pu obtenir le déplacement de l'abbé Rouyer. Ce dernier vient de me remettre une lettre dans laquelle il déclare regretter les propos inconvenants qu'il a tenus..."
A la suite de cela, le conseil municipal accepte la lettre d'excuse envoyée au Préfet par l'abbé Rouyer... et retire la lettre de démission que la mairie avait adressée à ce même Préfet.
Mais bien d’autres litiges surviendront encore les années suivantes entre le curé et le maire, là ou le Préfet devra lui aussi intervenir, et également continuer à aplanir au mieux…
Lorsque l’abbé Rouyer décèdera en juin 1899, son frère demandera qu’il soit enterré au pied de la grande croix située au milieu du tout nouveau cimetière. La municipalité donnera son accord, mais à condition qu’il n’y ai ni monument, ni entourage, mais seulement une dalle au niveau du sol, comme celle qui est encore actuellement en place… ( Une dernière petite vengeance ? )
Et pour conclure cette rivalité entre politique et religion, une laïcisation de l'école primaire et de l'école enfantine de Loisey est demandée (par 9 voix sur 10), par le conseil municipal le 9 avril 1897, en avance sur la loi qui sera votée en 1905 au niveau national.
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Acte de donation daté du 22 septembre 1832 portant sur un terrain qui va être destiné à enterrer les victimes du choléra. Cet acte, supervisé par le Préfet, a été établi entre la commune de Loisey et Mme Jeanne Perard, fille de l'ancien receveur des Fermes du Roi, et veuve de M. François Morel, notaire et ancien président du canton. (Archives départementales de la Meuse -ref 2 Ø 703 - sur 3 pages)
Contrat établit le 10 novembre 1833 entre la commune de Loisey et son pâtre communal, M. Jean-Jacques Jeannot.
(Archives départementales de la Meuse - ref : E dépot 228-80 - sur 2 pages)
Projet d'implantation d'une mairie-école en 1847 qui aurait été située entre l'église et la cour du presbytère.
La mairie était prévue pour chevaucher le ruisseau de Loisey, et boucher complétement la rue Entre-Deux-Ponts.
(projet rejeté par le Préfet)
(Archives départementales de la Meuse - ref : E dépot 222-4 M1)
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Plan de construction du premier projet de la mairie-école de 1847. (projet rejeté par le Préfet)
(Archives départementales de la Meuse - ref : E dépot 222-4 M1)
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Lettre de protestation de l'Evêque de Verdun au Préfet de la Meuse, datée du 9 décembre 1847, à propos du premier projet trés controversé d'une mairie-école à Loisey.
La commune de Loisey a du renoncer à ce premier projet, suite au rejet par le Préfet et l'Evêque qui étaient les principales autorités civiles et religieuses corresponsables suivant les lois du concordat de 1802.
(Archives départementales de la Meuse -ref 2 Ø 704 - sur 2 pages)
Plan du rez-de chaussée du second projet de mairie-école retenu et accepté en 1853. (Archives départementales de la Meuse -ref 2 Ø 703)
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Plan du premier étage du second projet de mairie-école retenu et accepté en 1853.
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Plan détaillant la façade du second projet de mairie-école retenu et accepté en 1853.
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Lettre du Maire de Loisey au Préfet de la Meuse, datée du 17 août 1853, rendant compte de la fête organisée dans le village en l'honneur de l'empereur Napoléon III.
(Archives départementales de la Meuse - ref : 73 M 6)
Projet de construction d'un lavoir daté du 25 septembre 1858.
Ce lavoir sera réellement construit sur le lieu-dit "Le Jardin de la Charité" qui se trouvait près du ruisseau, et juste en face de l'actuel grand bâtiment de l'ancienne fromagerie.
(Archives départementales de la Meuse - ref 2 Ø 704 - sur 2 pages)
Registre de délibération du conseil municipal de Loisey daté du 5 juillet 1880, et portant sur un accord entre la commune et le curé du village à propos du financement de travaux importants concernant l'église du village.
(Archives départementales de la Meuse - ref 2 Ø 704 - sur 3 pages)
Lettre d'une plainte commune que onze habitants de Loisey ont envoyé au Préfet de la Meuse le 8 août 1884. Cette lettre dénonçait l'état de forte insalubrité du ruisseau et l'inaction de la mairie à leurs égards. La suite des signatures se trouve au dos de l'original.
(Archives départementales de la Meuse - ref 2 Ø 703)
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L'activité économique.
L’agriculture, la vigne, et la naissance de l’industrie juste avant la Révolution :
Sous l’Ancien Régime, les rapports sur les cultures à Loisey, autres que la vigne, sont quasiment inexistants.
En puisant dans une source de l’histoire du Duché de Bar, écrite en 1762, on peut cependant retenir quelques informations intéressantes.
Il y eut au milieu du XVIIe siècle trois ou quatre disettes qui ont contraint les gens des campagnes, survivants des guerres, à manger du pain d’avoine, des fèves noires ; à vivre de légumes et d’herbes sauvages : Ce sont les conséquences des ravages de la guerre de 30 ans.
La paix revenue, on mange du pain de froment de qualités diverses suivant le taux de blutage.
La consommation moyenne est d’une livre et demie par jour. Le prix du pain n’est pas fixé au poids, mais un pain de tel prix varie en poids suivant la rareté ou l’abondance du grain.
On cultive donc le bled (le blé) pour la consommation humaine, l’avoine pour les animaux.
Les emblavures (terres ensemencées) ne suffisent pas à fournir les quantités nécessaires… Il faut acheter ou échanger, à l’intérieur du village et au dehors.
L’auteur du rapport se plaint : on ne cultive que trop peu de racines et de légumes (navet, raves, carottes, betteraves, céléri, choux, lentilles, pois, fèves)… ce qui veut dire que ces légumes ne sont produits que trop modestement, en même temps que les haricots, que l’on fait sécher.
Puis arrivera (avec méfiance au début), la pomme de terre (appelée topinambour à l’origine). Elle ne sert d’abord qu’au bétail. Pour la consommation humaine, on ne fait cuire que les plus belles… sous la braise. Il faudra un peu de temps pour apprendre à les cuisiner.
D’abord exemptée de dîmes, la pomme de terre y est soumise quand le décimateur s’aperçoit que l’extension de sa culture la rend productive de revenus…
Pour tricher un peu, on en plante au milieu des vignes, comme on le fait aussi parfois pour les haricots ! (Cela est défendu !) Cela est facile à dissimuler dans la hotte du vigneron !
On cultive aussi le chanvre… On pense aux chenevières, et aux cinq « tissiers » et au cordier dénombrés en 1706 !
L’histoire ne nous dit pas les lieux de rouissage du chanvre : probablement dans les méandres humides de notre petit ruisseau !
Le pâquis, les friches, la vaine-pâture , avec parfois la forêt, sont là pour nourrir, vaille que vaille, le troupeau communal. Ce dernier rassemble les vaches, veaux, moutons, chèvres, etc. que chacun possède même petitement, et que le pâtre (ce serait maintenant un employé communal) conduit dans les pâtures.
Les champs ne sont pas clos : en transhumant, les troupeaux communs mangent (et même saccagent) ce qu’ils trouvent à leur portée.
Suivant les saisons, on confie aussi une partie des bêtes à la garde des enfants agés de neuf à dix huit ans environ. « Il désertent l’école, font mille délits… et sont la cause de la dégradation des mœurs (?) et des forêts ».
Outre le bétail cité, n’oublions pas les porcs… Qui dans le village n’a pas son cochon ? Et de la volaille… On parle souvent de poules dues pour le cens…
Lorsque le rapporteur écrit que l’homme du peuple ne mange pas une livre de viande par mois, il parle, par évidence, juste de la viande de boucherie. Car il ne faut pas oublier ce que le paysan produit directement chez lui : Dans la soupe, il y a souvent du lard !
La liste des métiers à Loisey en 1706 donne trois bouchers. Et qui dit boucher sous-entend peaux, donc les métiers du cuir. A Ligny de nos jours, il y a encore une rue des Tanneurs. Et à Bar-le-Duc, il y avait aussi une rue des Tanneries (devenue rue du Docteur Nève) avec sa décharge sur le canal des usines.
Il y avait des prés, apparemment peu nombreux. Celui du « Pré Chanel » appartenant à M. le Marquis est le plus conséquent. Il n’y avait pas de haies, pas de clôtures, mais des bornages pour définir les limites : Ainsi, en 1788, on borne des chenevières sur le chemin de Pouillon à Loisey, comme dans la forêt de Culey où les bornes tournières sont posées sur un fond de tuillon et de charbon pour servir de témoin.
Faute de documentation plus conséquente, le sujet agricole ne peut pas être plus largement développé.
Les bouleversements de la Révolution, en tarissant les échanges et le commerce, basés principalement sur le vin, amèneront le constat suivant : Les ressources propres de notre village ne lui permet pas de vivre en autonomie plus de deux à trois mois… C’est un responsable local qui s’en plaint, révélant ainsi la faiblesse des diverses cultures par rapport au vignoble.
A la veille de la Révolution, le 22 août 1788, le Duc du Châtelet passe un contrat de 14 ans avec M. François Poix de Tréveray et M. Charles Louis d’Haironville pour autoriser la construction d’un « bocquart à laver les mines » sur le ruisseau de Sainte-Geneviève qui passe en aval du village de Culey (apparemment, les « mines » se situeraient sur le Quimont).
Il s’agit d’un matériel de concassage du minerai de fer, mu par la force du cours d’eau. Un système de régulation de l’eau y est peut-être adjoint ?
A l’issue de ce bail de 14 années (payé 200 livres par an), on laissera le bocquart en l’état avec ses outils et ustensiles, ou alors on renouvellera le contrat pour 18 ans !
Mais hélas, le duc sera guillotiné avant l’issue du contrat, et on ne sait pas ce qu’il advint de ce premier pas vers l’industrialisation de nos villages.
La forêt avant la Révolution :
La forêt a toujours été une richesse pour nos villages. Les archives l’évoque donc très tôt.
Culey a un pied dans le massif forestier de Sainte-Geneviève, dont le comte de Bar est propriétaire…
On a une première trace écrite : vers 1330, l’arpent de bois y est vendu 25 sols tournois.
Elle est belle cette forêt de 1394 arpents, mais avec des qualités diverses qui y sont décrites en 1772 :
« Le fonds est bon dans les terrains plats, mais assez mauvais dans les coteaux qui ne donnent qu’un taillis peu fourni où le chêne est rare. Il y a dominante de hêtres. On y trouve aussi : tremble, érable, coudrier, saule… et même beaucoup d’épines dans certains endroits, alors que sur le plein, la futaie y est belle, abondante, bien élevée.
Depuis 1760, la coupe est fixée à 40 arpents, à raison de 35 ans de recrue. Il y a une chapelle, appelée Sainte-Geneviève, gardée par deux ermites, avec au dessous une fontaine qui arrose un pré autrefois en nature d’étang. A gauche, en descendant le dit pré, une partie de 209 arpents a été donnée en contre échange, en 1756, à M. le Chevalier du Châtelet. Cette partie commence au pré où la fontaine prend sa source, et se termine au lieu-dit Plein-Fer. Elle est marquée par une tranchée et aussi par cinq bornes de trois pieds de haut hors de terre. Les vides dans la forêt sont les places à charbon qui y ont été pratiquées lors des ventes exploitées par des maîtres de forges ».
Deux siècles avant cette description, les « prés autrefois en nature d’étang » étaient couverts de ronces et de broussailles, d’où leur nom de « la bouchonnorie ».
Jenin Moyniat, un vigneron de Culey, avait obtenu le lieu-dit pour un bail de trente ans, avec à charge pour lui de le mettre en état de pré ou de culture. Il devait drainer les fonds et aussi, en particulier, les fossés qui entouraient autrefois la vieille maison forte, abandonnée sans doute depuis 1350.
A quel moment les étangs avaient-ils disparu ? On ne le sait pas.
Un pied dans la forêt de Sainte-Geneviève n’en donne pas l’usage ! Culey devra se contenter du bois de la Côte Varin. Ce dernier est délimité le 24 avril 1766 par une commission composée du garde-marteau de la maîtrise des Eaux et Forêts de Bar, du procureur fiscal, du chevalier du Châtelet, du syndic de Culey Jean Odinot, et de l’arpenteur de la maîtrise.
Le bois communal, contenant 87 arpents 1/2, est entouré sur trois côtés, de terres labourables, et sur sa quatrième face, par le bois de la Garenne de Tronville, et par un autre bois appartenant à M. du Châtelet :
« On y plantera des bornes pour la délimitation. Celles-ci, de quatre pieds de haut, et dix à douze pouces d’équarissage, seront montées sur un lit de tuiles et de charbon pour en rendre authentique l’implantation. Une fois arpenté, le canton sera partagé en huit coupes de douze arpents (hormis la huitième qui sera de moindre importance) séparées les une des autres par une tranchée de quatre pieds en équerre et en profondeur pour les séparer. Les arbres pieds-corniers, séparatifs des coupes, seront marqués du marteau de la maîtrise portant pour empreinte un globe et une baleine couronnée. Les coupes se feront de trois ans en trois ans. La première commencera, au nord, en 1765, et la huitième et dernière en 1786. La maîtrise des Eaux et Forêts tiendra la main à l’entretien prévu. »
A Loisey, on peut considérer l’acte de baptême de nos forêts comme établi par Humbert Arrabour qui est nommé maître louvetier en 1536. En 1576, sont cité les bois « Garanier », « Rantelant », « du Froyeux », et « Tinel ».
La première activité en forêt est décrite en 1591 de la façon suivante : « La glandée (récolte des glands), et la paixon (broutage des fougères par les moutons) est adjugée 55 francs par an pour Loisey et Culey. »
Dans quelle forêt les habitants de Loisey pouvaient-ils exploiter à leur compte ? Faute d’autre sources, on ne peut que relater ce qui suit : En 1602, une supplique à la Chambre des Comptes de Bar, rédigée par les habitants, demande un échange : Un abandon des coupes des bois Lassus et La Haye (non identifiables de nos jours) en contrepartie de droits plus étendus dans le bois de Féval.
Les forêts du début du XVIIème siècle nous apparaissent bien pauvres : Au lieu-dit Noma, les trente arpents sont de bon fond, mais il n’y a pas de chênage, seulement des arbres fruitiers : poiriers, pommiers, cerisiers, « qui se coupent et se partagent entre les habitants, de dix ans en dix ans… Sur la montagne, la partie des bois Cunseur, qui appartient au seigneur, comprend 34 arpents, dont 17 en taillis, et 17 en rapes et épines, ne contenant que peu de chênes petits et recrétifs : cette contrée n’intéresserait les habitants que pour y faire paître les bêtes avant la fenaison ».
On vient de confronter des textes décrivant très sommairement les forêts sur plus d’un siècle. On s’aperçoit que plusieurs contrées ont gardé leur nom et les ont encore de nos jours, alors que d’autres ont disparu. Les surfaces citées ne sont plus comparables. La qualité du peuplement s’améliore lentement avec le chêne qui reste le roi. Cette évolution se poursuivra jusqu’à nos jours.
Reste à évoquer les droits d’usage.
De même que la communauté des habitants avait obtenu l’utilisation des pressoirs, moulins, et fours banaux, elle avait aussi, et de longue date, acquis des droits d’exploitation dans la forêt.
C’était donc le 9 avril 1472 que les habitants de Loisey obtennaient de Orly de Landres, le seigneur de l’époque, un droit d’usage des forêts, en particulier dans un certain bois Lassus (proche de Féval), moyennant le paiement annuel d’une poule par habitant. Supprimé unilatéralement par le seigneur en 1645, à l’occasion de la guerre de trente ans, ce droit d’usage sera de nouveau reconnu aux habitants en 1684, après un long procès à Paris. Le seigneur devra payer 39 années de privation de jouissance des bois à la communauté ! Un joli pactole pour cette dernière.
Les accrues (avancées naturelles de la forêt sur les sols voisins) sont exploitées normalement sans autorisation : ainsi Culey obtient en 1610 la possibilité de couper trente arpents d’accrues, ce qui est considérable .
1706 est riche en histoire forestière à Loisey : on décompte 400 arpents de forêt, dont 100 de haute futaie (probablement chênes et hêtres)
Cette année là, chaque habitant a la possibilité de prélever annuellement deux « voitures » de bois de chauffage par ménage.
Pour travailler le bois, on décompte à loisey, trois scieurs, trois charpentiers, deux charrons. On fabrique aussi 120 tonneaux à vin en 1718.
La chartre sur le droit d’usage des bois d’avril 1472 est rappelée sur un périmètre défini dans un arrêté municipal de 1770, mais qui ne précise pas que la toise valait 1,95 mètres et l’arpent 250 toises… mesures de Loisey.
Qui dit réglementation dit hiérarchie : C’est la gruerie ( ou gruyerie ), l’administration des forêts.
Au sommet se trouve la Maîtrise des Forêts et son « garde marteau » ( ou gruyer ) ; les administrations royale et seigneuriales se retrouvant dans ces grueries (au moins pour les titres).
En voici trois à citer comme exemple :
- En 1721, Nicolas Arrabour est gruyer pour le comte de Franquemont à Loisey, Erize Saint Dizier, et pour la baronnie de Tronville .
- En 1742, Jean-Baptiste Unique, dit Mayence, est controleur de la seule gruerie de Pierrefitte (il réside au château de Loisey).
- En 1766, Jean-Baptiste François, un bourgeois de Richemont qui est conseiller du Roy, est garde marteau de la Maîtrise des Eaux et Forêts de Bar le Duc.
Il en est de même pour les gardes forestiers. Entre 1726 et 1732, on trouve trois sortes de gardes sur le terrain à Loisey : Un pour la gruerie de Bar, un autre pour la gruerie de Pierrefitte, et encore un pour la communauté.
Le gruyer assure au seigneur le revenu de ses forêts. La charge est très ancienne et sans doute lucrative ; ainsi Jean-Baptiste Unique, contrôleur de la gruerie de Pierrefitte, prête de l’argent à Mme la Marquise de Chaugy-Roussillon… qui est la sœur de son maitre !
Il arrive aussi que la charge donne son nom au titulaire : On trouve ainsi une famille Gruyer à Loisey, dont l’origine est sans doute très ancienne.
L’année 1772 est également riche en informations forestières : Il y a à Loisey un garde marteau (et sans doute inspecteur) qui sera procureur du Roy pour la maîtrise des eaux et forêts du duché de Bar. Il pourra délimiter les forêts dans le bail emphytéotique de 99 ans que le Duc du Châtelet établit et obtient de la commune de Loisey en 1772. Ce bail portera sur les 1394 arpents de la forêt de Sainte-Geneviève et 923 arpents dans les autres forêts de Loisey. On y fera des coupes de 40 arpents tous les 35 ans.
Les autres forêts évoquées sont : le bois l’Ecuyer qui contient 44 arpents 3/4, le Buisson Le Prêtre de 3 arpents et 85 verges, le bois Les Fresnes de 3 arpents et 111 verges.
Les mesures linéaires de l’époque étaient de contenu différent d’une contrée à l’autre, même si elles étaient proches l’une de l’autre… A Loisey, la verge valait 18 pieds, 1 pouce, 8 lignes, soit 5 m 887.
Le bois des Vallottes, plus celui de la Vaux Poutelle et le bois de Rantelant font un total de 594 arpents et 26 verges. Ils fournissent une coupe annuelle de 20 arpents à raison de 30 ans de recrue.
En cette année 1772, on constate que 75 chênes ont été abattus clandestinement.
En 1778, le bail du Duc du Châtelet comprend les forêts suivantes : « Les Vallottes et la Vaux Poutel, le Grand Porchy, le Petit Porchy, Rantelant, Cunseur, le bois des Freuils (le Froyeux?), le Buisson Le Prêtre, Féval, Taillefer, Pleinfer, le bois l’Ecuyer. »
Dans son cahier de doléances de 1789, le Tiers Etat de Loisey demande d’interdire la transformation en charbon de bois le « taillis inférieur à 8 pouces de circonférence. »
Second droit accordé après le droit d’usage : le droit de maronage, dont on trouve un exemple à Nançois en 1630. Il est destiné à permettre les constructions : c’est du bois de charpente le plus souvent en chêne.
Ces arbres destinés à construire des maisons doivent être demandés au mayeur qui en fait délivrance quand les murs sont hors de terre de 6 à 8 pieds.
Les arbres doivent être ensuite employés dans un délai de trois mois sous peine de confiscation. On peut penser que cette réglementation était voisine de celle pratiquée dans nos villages.
Les bois du Roi (ou du seigneur) ne rapportent à leur propriétaires que s’ils sont vendus ! Il faut donc abattre les arbres et les transporter…
En 1686, des marchands parisiens négocient par intermédiaire, des bois « d’équarissage » (des bois sciés), et des bois « de flottage » (des arbres bruts) dans la région de Ligny. Pour les transporter (par eau), on cite les ports de Velaines et de Petit Nançois… Pour les amener jusque là, il faut des chemins si possible adaptés. Le Chevalier du Châtelet fait aménager en 1750, le grand chemin allant du Pont de Tannois à Géry passant par Loisey, pour « les transports de bois considérables » qu’il fait réaliser.
Ce chemin qui sert aussi au transit des vins et des céréales ne se poursuit pas à l’époque au-delà de Géry… On y pourvoira plus tard. On l’a entretenu par la corvée jusqu’à la suppression de ce système par le roi en 1788. Le réparer à prix d’argent n’est pas facilement réalisable dans nos communautés si peu riches… On demande donc la prorogation du régime de la corvée pour cette prestation. L’administration régionale ne s’y opposera pas… s’il y a unanimité dans les villages concernés ! C’est déjà… la centralisation sans réflexion !
Aprés la Révolution :
Dire que la Révolution a conclu un chapitre de la vie de notre village ne serait pas exact. Cet épisode historique et souvent tragique n’a pas empêché chacun à continuer à conduire ses activités...
Regardons tout de même brièvement ce qui marque les esprits :
Le château de Loisey est livré à la pioche des démolisseurs, l’église retrouve sa fonction antérieure, les curés reprennent leur place, mais sont fonctionnarisés, le presbytère est devenu propriété communale.
Les écoles prennent de l’importance, et les maîtres, jusque là souvent méprisés, vont voir grandir leur considération et leur influence au fil des ans.
Le maire représente ses administrés et on construira sa mairie.
Ainsi se met en place ce qui constituera l’armature morale de notre village pour les XIXe et XXe siècle : maire - curé -instituteur.
Les vignes, les cultures, et les forêts :
Alors le vignoble, où en est-il ? Il est toujours là, mais il évolue dangereusement, si l'on en croit un rapport concernant le Barrois établi en 1797 :
« On a multiplié les plantations de vigne et les propriétaires, cupides, arrachent les cépages anciens pour planter du Gouet, produisant une grande quantité de vin, mais de qualité inférieure, ne tenant pas deux ans et ne supportant pas le transport. Le cépage ancien fournissait un vin attirant les amateurs, ce qui en doublait le prix. Il est à craindre que l’on regrette trop tard cette fausse spéculation... »
Il fallait bien citer la vigne pour commencer ce chapitre, car près de dix siècles d’histoire lui donnent une préséance certaine.
Mais après avoir connu un relatif âge d'or au milieu du XIXe siècle, son déclin progressif accompagnant la baisse significative du nombre de vignerons à la fin du siècle sonnera la fin du vignoble à Loisey.
Le 10 août 1889, le conseil municipal décide de ne plus maintenir le ban des vendanges dans le village...
La réglementation qui se met en place au début du XIXe siècle vise surtout la protection du travail de la terre : on craint les incendies de récoltes, les vols, les maraudages… On va jusqu’à établir des corps de garde à Loisey en 1826, et que l’on double en 1831 (huit hommes sont de garde chaque nuit). Ils peuvent arrêter les inconnus, vérifier les papiers des voyageurs descendus à l’auberge… Puis les temps s’apaisent, il ne reste ensuite que les gardes-champêtres… pas toujours fiables puisqu’en 1847, l’un d’eux démissionne. Et il faut suspendre le second car selon la municipalité « Il s’abrutit par la boisson à laquelle il se livre régulièrement. En cet état, il procède capricieusement et insolemment, même avec les fonctionnaires publics. Il lui arrive de favoriser la débauche plutôt que de la réprimer. Cette place est pour lui une occasion de désordre. »
Le troupeau communal garde une grande importance : chacun confie ses bêtes au berger communal. Celui qui veut faire troupeau à part est limité proportionnellement à la surface qu’il cultive.
Le berger est logé par la commune. Le troupeau est fluctuant suivant les saisons et il y a bien sur des litiges : A Culey, le fermier de Bel-Air met en vaine pâture ses 480 moutons sur le domaine commun… avant de les parquer sur sa ferme ! On verra le métier de berger communal perdurer jusqu’en 1919. A cette date, il n’est plus logé par la commune.
L’évolution de l’agriculture incite la municipalité de Loisey à demander l’autorisation de deux foires agricoles annuelles (en mars et septembre). Elle est appuyée par douze commues. Mais le préfet rejette la demande en 1837 car Bar, Ligny, et Salmagne s’opposent à cette requête !
La diversité agricole à Loisey en 1858 s’établit de la façon suivante : 167 hectares de vigne, 160 hectares de blé, 120 d’avoine, 40 d’orge. Les légumes secs sont produit sur 100 ha (on ne parle pas de ceux produits au milieu des vignes). Les pommes de terre, colza, chènevis, chanvre, betteraves à sucre, légumes fourragers couvrent moins de dix hectares chacun. Il y a 48 ha de prairie naturelle, 27 ha de trèfle et de luzerne.
Il y a un taupier qui passe des contrats pour l’éradication des taupes, en fonction des surfaces et pour une durée de six ans. Le dernier contrat s’éteindra en 1928.
Pour mieux échanger et commercer, le chemin allant du pont de Tannois à Géry, initié par le Duc du Châtelet en 1750, devient le chemin de grande communication n° 6 en 1836. Progressivement, il atteindra Erize Saint-Dizier à travers champs.
On trouve encore des anciennes plaques indiquant ce chemin : à Culey, au n°44 Rue principale, et à Loisey au n°106 Grande Rue. L’élargissement de la route nécessitera des alognement de maisons dans les deux villages, et il faudra utiliser des chevaux de renfort dans la côte de Géry… Ensuite on le bordera de frênes qui seront remplacés par des arbres fruitiers. En 1939, il y avait encore 42 arbres entre Culey et Loisey, et 49 autres entre Loisey et Géry.
Cette modeste voie de communication relie nos villages à la grande route parallèle à l’Ornain. Cette dernière sera elle-même bientôt doublée par le canal et la voie ferrée dans les années 1850… Hélas pour nos vignobles qui succomberont assez rapidement, face à la concurrence de vins réputés plus « solides »… Rappelons -nous la prophétie de 1797 !
Jetons un dernier regard sur l’agriculture : Répondant en 1880 à un questionnaire sur les salariés agricoles, la municipalité de Loisey déclare 25 salariés et 26 tâcherons (un terme ambigu). Ils travaillent 300 jours par an, avec des journées de douze heures en été et huit heures en hiver.
Les enfants (probablement adolescents) sont payés un franc par jour, les femmes 1,25 francs, et les hommes 2 francs. Les salaires -écrit-on- sont adaptés au coût de la vie…
Quelques ouvriers ont le certificat d’études, et il y a 2 % d’illettrés. « Ces ouvriers ne seront pas en mesure de se servir utilement du droit d’association, lorsque celui-ci sera reconnu par la loi. » (parle-t-on de syndicat?).
On conclut en écrivant que l’agriculture, concurrencée par les produits étrangers, est en crise !
Et la forêt ? On en a déjà longuement parlé… elle est toujours là… on pourrait la croire immuable, mais elle évolue très lentement, elle s’améliore même sous l’action des hommes !
L’ancienne forêt royale est devenue domaniale. A Sainte-Geneviève, elle jouxte des bois particuliers obtenus par l’achat des biens que le Duc du Châtelet possédait avant la Révolution.
Doit-on également considérer comme forêt, les friches que Loisey et Culey plantent en résineux ?
La Révolution de 1789 a d’abord été matérialisée à Loisey par la destruction des deux pressoirs appartenants au Duc du Châtelet y compris le bâtiment les abritant ! Mais la vigne produit toujours son raisin… Il faut donc de nouveaux pressoirs ! Six sont rapidement fabriqués… (Il en reste encore un de nos jours au 2, Rue Entre-Deux-Ponts !)
La Révolution impose aussi sa marque : Les bois de l’émigré M. de Beauval sont mis à dispositions des hopitaux dont 40 cordes à prendre aux Vallottes et 10 cordes de bois à charbon sont fournis à l’administration… car on fabrique du charbon de bois pour fabriquer de la poudre.
En 1796, une curieuse loi impose l’échenillage des arbres. Elle n’empêche pas l’abattage de 17 hêtres et de 47 charmes … qui vont être volés par la suite !
En 1799, on replante l’arbre de la liberté qui avait été découpé en deux… mais on ne précise pas l’endroit !
Du bois communal est vendu par portion. La municipalité exige 3 francs par portion… alors que de tout temps, on ne payait que de 15 à 30 sous ! Les 216 portions vendues rapportent 648 francs !
On défini que la corde de bois d’avant 1799 représentera à présent 3 m³ 825.
En 1803, 33 chênes vont servir à fabriquer plusieurs bancs pour l’église.
Les 176 ha 80 de forêt vont permettre la mise en adjudication des droits de chasse pour trois ans en 1800. (Mais je n’en ai pas retrouvé le montant !)
Les ventes de coupes de bois se succèdent : 5 ha 72 d’une part en juin 1807 (d’un montant inconnu), et une coupe de taillis pour Jean Gaillet, devenu l’homme le plus riche du village, à 99 francs l’hectare.
On continue de voler des arbres en forêt ! En 1805, 75 petits chênes, propre à faire des échalas (nécessaires à la culture de la vigne) ont été « coupés en délit » !
Les gardes des bois communaux loiséens se succèdent : c’est le tour de M. Ponse Ponsin en 1817.
Mais l’ensemble des bois n’est pas compact… Il nécessite parfois l’emploi de gardes forestiers supplémentaires… C’est le cas en 1828…
En 1817, la vaine pâture est autorisée dans certains taillis agés de 18 ans. En clair, moutons et chèvres pourront brouter les fougères et autres herbes.
La délimitation des bois se fait par le garde muni d’un marteau à base carrée marqué d’une empreinte… et les aides-gardes champêtres sont payés par 100 fagots.
En 1820, la coupe affouagère (4 ha 21) composée de taillis sous futaie est vendue 1500 francs.
La forêt, c’est aussi sa population sauvage... Les nuisibles, loups, renards, blaireaux, sont chassés régulièrement. Mais bizarrement, on ne parle à Loisey ni de chevreuils, ni de sangliers… (omission des auteurs ou présence du loup ?)
Pourtant, pour réguler cette faune et aussi pour le plaisir, il y a eu de tout temps la chasse… réservée au seigneur avant la Révolution. Mais la surprise est grande de découvrir (en même temps que l’administration révolutionnaire) que 16 citoyens de Loisey et 18 de Culey possèdaient un fusil de chasse en 1792… (Probablement le seigneur louait-il ses droits de chasse à certains de ses sujets ?)
Ensuite, de 1800 à 1880, on constate que l’on adjugera régulièrement en mairie des droits de chasse.
Par exemple, en 1829, on établit un seul bail pour la grande chasse (le gibier) et la petite chasse (les oiseaux). On établira aussi de nouvelles prescriptions de battue aux loups en 1836.
Pour la Meuse, une statistique de 1807 sur la vie en forêt note le résultat des chasses. On a tué cette année là : 348 loups, 86 louves, 59 louveteaux, 1334 renards et 34 autres bêtes nuisibles.
On a vu deux aigles : un à Saint-Mihiel, et un à Jametz. Hélas, on n’a aucune précision sur ce qui a été abattu à Loisey !
En 1868, la chasse à Loisey est louée à un limonadier de Bar-le-Duc, en partage avec M. Bradfer, le célèbre maître de forges originaire également de Bar.
On sait aussi que le coût de ce bail sera de 170 francs pour 125 hectares en 1881.
Outre les bucherons, les scieurs de long s’activent également en forêt au XIXe siècle ; et les marchands de bois font aussi de bonnes affaires ! Rien n’est perdu ; on vend l’écorce des chênes abattus : 260 bottes sont vendues à un tanneur de Ligny en 1830.
Et en 1831, le produit de la vente des écorces rapporte à la commune 900,60 Francs.
Comme en bourse, le bois gagne ou perd de sa valeur. Une coupe affouagère estimée à 2000 francs en 1831 ne trouve pas d’acquéreur… On la partage donc entre les habitants.
Le bois perd de ce fait sa valeur, mais cela n’empêche pas les vols : deux chênes « modernes » et 300 arbres de tailles diverses ont été volés cette année là !
Les années suivantes, on va réglementer les dates de la récolte des faînes, des glands, et même des feuilles mortes, genêts, fougères et bruyères…
Mais on ne saura pas quand cessera ces récoltes réglementées. On ignore également quand s’arrêta la funeste coutume consistant en certaines saisons, à laisser paître les troupeaux dans la forêt…
En 1868, un orage dévastateur frappe la forêt de Loisey et de ses environs. A cette date, sa superficie était de 125 ha. On exploitait le bois à 30 ans d’âge (hors le bois de haute futaie).
La vente d’une coupe du 1/4 de réserve par la commune sert à payer la nouvelle mairie-poste, (anciennement maison de M. de Beauval)… Hélas je n’en ai pas retrouvé le montant !
La guerre de 1870 marquera la forêt de Loisey… Pour alléger la dette de guerre, on exploite 3 ha 46 de la coupe affouagère, et on vend en plus deux coupes du quart de réserve. Et ce n ‘est pas fini car on vend une autre coupe de 3 ha 74, toujours dans le quart de réserve…
D’autres prélèvements seront encore fait… Je n’ai pas pu en comptabiliser l’ensemble ! Nous ne remercierons pas les envahisseurs…
En 1878, la forêt va également fournir des chênes qui serviront à construire un pont au dessus du « moulin Gras » à l’aval du ruisseau.
Les métiers divers :
On constate que plusieurs « vieux » métiers du XVIIIe siècle se maintiennent un temps au cours du XIXe. Il y a trois « tissandiers » à Loisey qui fabriquent encore 1800 mètres de toile en 1877, ainsi que trois tonneliers qui subsistent en 1881, bien que le vignoble décroisse dans le village.
Il y a aussi trois distillateurs qui produisent entre 35 et 65 hectolitres d’eau de vie par an.
Des métiers « fugaces » sont apparus, certains liés aux événements du moment : ainsi en 1794 et 1795, des salpêtriers de Loisey et de Culey fournissent du salpêtre pour poudre à canon…
Plus constant est le métier de savetier. Le premier « savetier roulant », Didier Ragouget de Culey, décède « en déplacement dans le diocèse de Reims » en 1788.
En 1806, il y a sept savetiers roulants à Loisey, puis leur nombre atteindra quatorze. Ils vont jusqu’en Côte d’Or, dans les Vosges, à Paris. Pour finir, ils se sédentarisent : trois cordonniers (leur appellation change) fabriquent 2800 paires de chaussures à Loisey en 1877. Ils disparaîtront ensuite car les usines de Guerpont et de Ligny ont pris le relais.
On signale trois compassiers à Loisey en 1848. Que fabriquent-t-ils exactement ? On ne le sait pas…
Un four à chaux est autorisé à être construit par M. Pierre Bichebois au lieu-dit « au Frêne » en 1852. Mais on ignore là aussi si ce four a réellement été mis en service !
Les moulins des villages continuent à travailler, mais leurs activités se diversifient :
Celui de la Terrasse à Culey est doublé d’un moulin à ciment en 1844.
Et les deux moulins de Loisey deviennent au milieu du XIXe siècle des « tourneries » (pour le travail d’objets en bois) dépendant d’un seul patron. Ceux-ci emploieront jusqu’à 26 ouvriers. La production déclarée par la mairie est la suivante : des portes-manteaux, des rateaux, des manches en bois, des chaises, et… 50.000 boites-crachoirs en 1886. En tout, ce sera plusieurs dizaines de milliers de pièces par an.
A la fin du XIXe siècle, on écrit que l’énergie hydraulique, mais également la vapeur, font tourner les machines...
On s’essaie aussi à la métallurgie : En 1876, une chaîneterie fournit à Loisey 300 tonnes de marchandises dont le détail n’est pas connu. Et en 1886, un atelier fabrique 50 charrues et 500 outils divers.
Trois professions liées à trois personnages importants sont à signaler au XIXe siècle :
- Le notaire, qui était en place depuis plus d’un siècle, continue à prendre acte des transactions. Mais la vigne disparaissant avec le siècle, le dernier notaire, Maître Larcher, fermera son étude en juillet 1902.
- Le médecin (on parlait de chirurgien sous l’Ancien Régime).
Le chevalier du Châtelet s’était ainsi attaché les services de François Morel (qui fut également notaire par la même occasion!).
Ce dernier mit en pratique vers 1820 à Loisey une nouvelle technique : la « vaccine » appliquée aux enfants !
Pour conserver un médecin en 1867, la commune offrit une allocation-logement au patricien qui voudrait bien s’installer.
En 1896, la proposition est plus large : on y ajoute le chauffage… Mais rien n’y fait, et faute de clientèle suffisante, il n’y a plus de médecin à Loisey au début du XXe siècle.
- Le percepteur : c’est le dernier arrivé avec la Révolution !
La suppression des diverses dîmes, cens, charges multiples de l’Ancien Régime et de leurs nombreux encaisseurs n’est pas un cadeau de l’État car ce dernier a toujours besoin d’argent. Et pour simplifier les circuits, on crée la charge de percepteur dans l’administration.
Loisey qui sera brièvement chef-lieu de canton voit éclore cette fonction attribuée, dès le début, à un révolutionnaire malheureusement bon teint et déjà connu : Jean Gaillet, l’ex curé de Varennes-en-Argonne.
S’adaptant aux différents régimes qui se succèdent, il conserve sa charge jusqu’à sa retraite en 1841, avec seulement une interruption de 1824 à 1831 ou il sera remplacé par Victor Henrion.
La carrière de Jean Gaillet, liée à d’autres activités, est une belle réussite financière.
Ironie de l’histoire, il réside dans la maison antérieurement habitée par le receveur des Fermes Royales au 81 Grande Rue à Loisey…
Mais le déclin de la population va sonner le glas de cette fonction également : en 1863, la charge va être transférée à Tronville-en-Barrois, malgré les protestations de la municipalité.
Evoquons rapidement une forme d’organisation au service de la commune, mise en place au XIXe siècle : le corps des sapeurs-pompiers.
C’était (à l’origine) une formation militarisée, tirée de la Garde Nationale, avec un uniforme et même un fusil et sabre-baïonnette.
Le 23 mai 1888, le conseil municipal de Loisey redemandera d'ailleurs l'attribution de 14 carabines Rémington pour la compagnie de sapeurs pompiers qui avait été désarmée en 1870.
Les armes seront par la suite abandonnées en 1901.
En 1835, on note pour la première fois une dépense ( 100 Francs ) pour la Garde Nationale à Loisey.
Les pompiers s’engageront pour cinq ans et manoeuvreront jusqu’à huit fois par an (en 1904).
Ils sont 12 à Culey et 17 à Loisey vers 1875.
Rémunérés symboliquement, ils peuvent prétendre à quelques privilèges : par exemple, l’exemption du logement de la troupe.
Le 6 mars 1837, on relève dans les archives municipales l'achat d'une pompe à incendie manuelle et de 50 seaux en osier pour le prix de 1100 Francs...
Leurs moyens évolueront ainsi rapidement avec les techniques : d’abord seaux, pompe à bras, puis à moteur.
Mais avec le temps, leurs effectifs diminuerons, jusqu’à disparaître à la fin du XXe siècle.
Voici un autre service public qui arrive assez tard : La Poste !
En mai 1841, la municipalité de Loisey demande l’installation d’une poste aux lettres avec l’argumentation suivante :
« Il y a, dans la commune, trente commerçants, plus les rouleurs (ou savetiers) qui s’absentent dix mois dans l’année et envoient tous les mois de l’argent à leurs familles... »
L’administration sera très lente à réagir malgré les rappels, et le bureau de poste ne sera officiellement ouvert que 62 ans plus tard, le 1er octobre 1903…
Le 1er février 1896, un accord est conclu pour la mise en place du télégraphe à Loisey... On utilisera
la ligne télégraphique qui va de Tannois à Bar, et une indemnité de 213 F sera à payer à Tannois.
Le futur receveur des postes devra être également formé à l’utilisation de ce télégraphe. Entre temps, la population de Loisey aura chuté de moitié !
Voici en résumé ce que les archives devenues plus riches après la Révolution m'ont permis d'apporter concernant le XIXe siècle à Loisey.
Nos maires successifs depuis le début de ce siècle jusqu'à aujourd'hui ont eu à gérer différents problèmes devenus de plus en plus nombreux : biens de la commune à protéger, bâtiments à construire et à entretenir, routes et chemins à conserver en bon état, forêts à exploiter, approvisionnement en eau à protéger et à répartir, instruction et hygiène publiques à développer, nouvelles techniques à mettre en place (télégraphe, poste, électricité, etc.) mille actions qui participent à l’harmonie de la vie communautaire.
De ces tâches obscures et absorbantes, j’ai pu retranscrire ici tout ce que l’histoire de notre village a surtout retenue sur ces quelques faits saillants de ce XIXe siècle, prélude à la Grande Guerre.
Mai 2018 – Bernard Thomas
Sources :
- Archives municipales de la mairie de Loisey.
- Archives municipales de la mairie de Culey.
- Archives départementales de la Meuse :
E dépôt 222 - E1
E dépôt 222 -1-D3-D4
E dépôt 222 - 4
E dépôt 222 - 5
E dépôt 222 - 6
E dépôt 222 - 7
E dépôt 222 - 19
E dépôt 222 - 21
E dépôt 222 - 46
E dépôt 222 - 55
19 J 5858
19 J 5860
65 S 121
193 J 28
Cote 3
Ø 601
Cote 2
Ø 703
Cote 2
Ø 704
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