L'église Saint-Rémi de Loisey

Le clocher de mon village.

Cocorico... je veille sur le village du haut de mon perchoir... Et je dis un grand merci à la municipalité de Loisey !

Peut-être voudriez-vous savoir depuis quand je suis en haut du clocher ?
Pour ma part, cela fait plus d'une trentaine d'années ! J'ai donc remplacé un ancêtre que la tempête avait abattu en même temps que la croix, en 1990. Mais mes autres prédécesseurs, ça remonte loin, trés loin...

L'église de Loisey en 2014.

Les travaux sur le clocher et la pose du nouveau coq en 1990.
(Cliquer sur l'image pour agrandir)

 

 

Les origines de l'église.

Deux points de repère dans les archives :

Le premier à peine marqué :
On parle de Monsieur VIARD, curé à Loisey en 1252. Y avait-il une église ? On ne sait pas.

Deuxième repère :
Etienne DE VIGNOLLES, capitaine de VITRY ( qui sera un des futurs compagnons de Jeanne d'ARC ), surnommé LA HIRE, fit le siège de l'église de Loisey en octobre 1424 pour obtenir ... 2 queues (tonneaux) de vin que le duc de BAR lui devait.


Il y avait donc une église à Loisey au XVème siècle, peut-être même fortifiée... Dans ce cas, elle servait de refuge dans l'hypothèse d’un grand danger.
On retrouve des traces de cette époque dans le style gothique qui se manifeste, à l’intérieur, par les voûtes des chapelles (Sur les clés de voûte : Les instruments de la Passion). Il se montre aussi par le remplage des fenêtres de ces chapelles et par la “fontaine” voisine de chaque autel.
A l'extérieur et au-dessus du choeur, à droite, une meurtrière et un oeilleton : Sont-ils de cette époque ?

 

Etienne de Vignolles, dit La Hire 1390-1443.
Fidèle compagnon d'armes de Jeanne d'Arc.
Le valet de coeur dans les jeux de cartes porte son nom.

 

L'histoire de l'église et de son cimetière.

Faisons un grand bond dans le temps : En 1650 (après la Guerre de 30 ans dont nous ne savons que peu de choses), les "DU CHÂTELET" érigèrent un château à une centaine de mètres de l’église. Ils poursuivirent, dans le temps, son aménagement, en l’agrandissant en 1741 et, en même temps, ils firent transformer l’église.
Est-ce de cette époque que datent les trois nefs ?
En la modifiant, on y avait sculpté un bandeau sur les murs extérieurs. On peut penser que les quatre autels votifs disposés à l’intérieur, sont de la même époque.
Imaginons le bâtiment à la veille de la Révolution : Le clocher actuel et ses chapelles latérales n’existaient pas. L’édifice était rectangulaire, les chapelles anciennes (gothiques) constituaient le transept, le choeur était de plan carré.
Une tour-beffroi était accolée à l'extérieur sur le côté gauche de l’église. On avait fait une étude pour la démolir, mais il n’y eut pas de suite.
Devant la porte principale (face sud), une petite halle (appelée halette)
Entourant l’église : Le cimetière, sans doute depuis l’origine de l’édifice... Il ne sera transféré qu’en 1894, après environ cinq siècles d’utilisation...

Ce qui fut, pendant des centaines d'années, le seul lieu de convergence des habitants du village a une histoire... Essayons de la connaître...
L’obligation de tenir le registre des actes principaux de la vie n’a été imposée aux curés des paroisses que dans le courant du XVIIème siècle.
Première annotation importante relevée : En 1650, inhumation dans l’église, de Charles de SAINT HILAIRE, de la famille des DU CHÂTELET ; il sera suivi de sept autres inhumations dans le sanctuaire : trois de la même famille des DU CHÂTELET, et deux prêtres (dont un sous le porche).
Un lieutenant de Prévôt : Jean BOUDARD, sera enterré en septembre 1719 “à l'endroit où il assistait au service divin”.
Le 10 septembre 1752, on enterre Jean BROUILLY DE LOISEY, écuyer récemment anobli et figure notable du village.
En général, on inhume au pied de l'autel, ou "du côté de l’épître” (à droite). Il reste de cette coutume l'emplacement d'une plaque funéraire, bien abîmée face à l'autel Saint-Joseph.

Lorsqu'il hérite de la châtellenie de Pierrefitte en 1732, Florent-François DU CHÂTELET découvre, à Loisey, une église trop petite... Elle existait avant l'épopée de Jeanne d'Arc. Il faut l'agrandir.
Pour s'assurer des besoins, on fait visiter l'église par l'architecte du duc D'ORLEANS. En sa présence, on y célèbre les vêpres le 5 mars 1738. Bancs, sièges, allées, marches de l'autel sont occupés et 150 personnes n'ont pas pu prendre place. ( A-t-on eu recours à des renforts extérieurs ? ) On estime les besoins à 400 places.
On expertise les travaux en septembre 1738, à la requête des habitants contre le prieur de REYNEL, également décimateur de droit à Loisey.
C'est l'entrepreneur THIERRY de Bar-Le-Duc qui bâtira un nouveau bâtiment accolé à la partie sud de l'ancien édifice. Il aura 56 pieds de long, 45 pieds de large. Sont détaillés : Piliers intérieurs, piliers boutants, forme et nature des voûtes en pierre de tuf et tout ce qui concerne les fondations, murs, charpente, toiture... On ne parle pas des garnitures extérieures, je n'ai pas retrouvé les plans...
Les trois portes d'accès, non décrites, sont encore décelables actuellement sur la partie sud du nouvel édifice. La porte principale, cintrée, regarde vers le bas du village. Sur le côté Est, aprés le premier pilier boutant, on réserve une porte d'accès au cimetière. Sur le côté Ouest, à la même hauteur, on trouve une porte identique. Son usage est particulier : Elle permet au seigneur d'accèder à l'église en quittant les jardins du château et d'occuper facilement les places honorifiques se situant à l'entrée de la nouvelle église.
Les dépenses à prévoir sont réparties de la façon suivante :
Le gros mur de la nef, la moitié des piliers, la charpente, la toiture, soit 5300 livres tournois sont à la charge du décimateur (le prieur de REYNEL). La moitié des quatre piliers de la nef, le portail, les petites portes, le pavé de la nef, sont à la charge des habitants, soit 3845 livres. Le coût de la nouvelle construction est estimé à 9145 livres.
Voici résumé, trés sommairement, le détail complexe des travaux. Le châtelain y a-t-il contribué ?
La couronne comtale sur l'autel de Saint-Joseph indique une participation à l'agencement interne. A la Révolution, on a détruit le bandeau évoquant la Maison DU CHÂTELET sur le pourtour extérieur du nouveau bâtiment... Mais je n'ai pas retrouvé de trace "comptable".
Un autre et dernier élément retrouvé dans les archives (source I5 E623) :
Le 1er mai 1738, le chanoine Nicolas DE BROUILLY, rattaché à la cathédrale de Toul, donne à la fabrique de Loisey la somme de 775 livres de Lorraine pour l'érection de l'autel Saint-Nicolas (qui est devenu ensuite l'actuel autel Saint-Joseph situé à droite du choeur), plus diverses sommes à payer au marguillier, au maître d'école, au sonneur, aux pauvres, et autres oeuvres. (Le chanoine Nicolas DE BROUILLY est l'un des enfants de Jean BROUILLY, de son vivant lieutenant de cavalerie, anobli pour fait de guerre par CHARLES IV. On trouve la trace de cet ancien officier au château de Loisey, lors de la réunion familiale de 1729.)

A l'époque, l'église est le coeur du village... La journée est rythmée par les trois angélus qui définissent le début, la pause, et la fin de la journée de travail. (Les cloches sont dans l'ancienne "tour" située à l'ouest, à l'intersection de la chapelle de la vierge et du nouveau bâtiment).
Le dimanche et les jours de fête emplissent l'église. A la sortie de la messe, s'il y a des annonces publiques, elles se feront sous la halette, devant la porte principale : On y proclame les autorisations de pâture, les bans de vendanges, la vente de telle ou telle terre.
Dans l'église, les baptêmes se font le jour de la naissance (ou le lendemain), sans apparat. On n'écrit rien sur les festivités du mariage. Les obsèques ne sont qu'une formalité liturgique : Le défunt sera inhumé au pied de l'église.
Devenu plus vaste, le nouvel édifice permet à la liturgie de déployer ses fastes... tels que les ont encore connus les paroissiens actuellement âgés de plus de 60 ans.
La transformation de l'église ne modifie pas toutes les coutumes. On continue à inhumer exeptionnellement dans le sanctuaire.
Au pied de l'autel Saint-Nicolas (devenu actuellement l'autel Saint-Joseph), on enterre le 28 octobre 1749 un enfant HEYBLOT (fils du seigneur de Vavincourt). Et le 13 novembre 1749, l'enfant Jules ARRABOURG (le père est avocat).
Florent-Claude DU CHÂTELET et sa soeur, la marquise DE CHAUGY-ROUSSILLON seront inhumés du côté de l'épître en 1765 et 1778. C'est Florent-François DU CHÂTELET qui clôturera cette coutume en 1783.

Jean LEMOINE sera le dernier curé de Loisey à bénéficier d'un cérémonial spécial à son arrivée.
Sur le plan liturgique, il aura lieu bien sûr, dans l'église ; puis il sera conduit en procession au presbytère. On lui fera visiter toutes les pièces, puis il allumera le feu dans l'âtre.
Au jardin, il donnera quelques coups de bêche et arrachera des mauvaises herbes. Il bénéficiera d'une parcelle de terre appelée "bouvrot".
Ces symboles précisent que, comme ses ouailles, il y a ici une responsabilité terrienne.
A propos du presbytère, ou plutôt de "la maison de cure" comme on l'appelait à l'époque, rares sont les informations dont nous disposons. Une seule nous éclaire sur son origine :
En novembre 1749, le montant de l'impôt sur l'entretien des routes, fixé par STANISLAS, duc de Lorraine, est partiellement diminué suite à l'acquisition d'une maison de cure. (Source B 454 aux archives départementales de la Meuse)

Le cimetière :

Entourant sans doute l'église de Loisey depuis son origine, l'ancien cimetière du village perdurera jusqu'à son abandon en 1894.
Notons en passant que deux membres de la famille de Jeanne d'Arc, résidant à Loisey, décédèrent dans le village et furent inhumés en ce lieu : Jean-Baptiste Gruyer en 1719, et Anne du Haldat en 1725.
Au sujet de l'organisation des obsèques à Loisey, disons que jusqu'en 1850 (au moins), on enterrait le lendemain du décès ; parfois en cas d'épidémie, au bout de 12 heures, voir 6 heures.
Puisque j'ai abordé le sujet du cimetière, poursuivons sur ce propos...
Plus violente que celle de 1686, qui vit mourir 26 habitants en 4 mois, l'épidémie de 1719 emporta 34 paroissiens en 5 semaines ; le mayeur (maire) Gérard GUILLAUME en mourut, ainsi que le curé Pierre HENRION, qui fut inhumé dans l’église le 17 février. Le doyen de Bar envoya un religieux-capucin, le père INNOCENT, pour “administrer les derniers sacrements aux paroissiens de Loisey dans le temps présent qui est fort contagieux”. Lui aussi, y succomba le 20 février 1719.
En 1832, l’épidémie de choléra obligea le maire à “interdire le dépôt de morts à l'intérieur de l’église avant inhumation”.
En août 1854, le Préfet ordonne de créer un autre cimetière, et il interdit “l’utilisation de l’actuel dans le cas où l’épidémie de choléra frapperait la commune”. Refus du maire qui écrit que “les épidémies de 1832 et 1849 n’ont fait que 20 morts à Loisey". On enterrera les cholériques dans un autre terrain en cas de nécessité, mais on reprendra les inhumations dans le cimetière actuel dès que l’épidémie aura cessé.
En 1865, quatre propriétaires écrivent au Préfet pour obtenir le transfert du cimetière, mais il y a une forte réticence.
Et deux ans plus tard, le Préfet appose son visa sur le plan du cimetière entourant l’église. En voici les détails, et le réglement sommaire rédigé en 1868 :
80% de la surface sont notés “fosses communes”, 46 m2 sont réservés à des concessions (divisées en trois catégories : perpétuelle à 333 F le m2, trentenaire à 100 F, temporaire à 50 F -on parle en Franc-or-). Les sommes récoltées seront attribuées pour les 2/3 à la commune et à 1/3 pour les pauvres du village. Ce coin concession se trouve au nord, à gauche du choeur.
A la suite des concessions, vers le nord, 55 m2 sont réservés pour les privés de sépulture chrétienne, les enfants non baptisés, les protestants, les israélites.
Les concessionnaires auront le droit de fonder tout espèce de monument, après l'acceptation des plans par le maire.
Il n'y aura pas de monument pour les fosses communes ; cependant, au maximum, une pierre tumulaire inférieure à un m2, à enlever impérativement avant un délai de cinq ans, (qui est le délai de réutilisation de la fosse). Faute de quoi elle sera enlevée sur ordre du maire, sans indemnité, et appartiendra à la commune...
Le 10 octobre 1867, les héritiers de BEAUVAL donnent 1000 F pour une place à perpétuité dans le cimetière prés du mur contre lequel se trouve adossé l'autel de la Sainte-Vierge. Louis-Hyppolyte-Martin de BEAUVAL décède deux jours plus tard le 12 octobre.
En 1880, la commune attribue une concession à perpétuité à la famille VARIN-BERNIER, “à titre de reconnaissance pour le bienfait de cette famille à la paroisse, à la commune, aux pauvres"... C’est la seule tombe, encore visible actuellement, de l’ancien cimetière.
On fait encore un nouveau plan d’aménagement du cimetière de l’église en 1884. Mais ce n’est que le 2 novembre 1892 que le maire (M. BRYON, un ancien médecin militaire) obtient de son conseil, une approche précise d'un projet de construction d’un nouveau lieu de sépulture communal...
Je ne crois pas m'éloigner trop du sujet en vous résumant la délibération :
Imaginez vous la mairie actuelle, un 2 novembre à 8 heures du soir. On est encore abasourdi par le glas qui a sonné la veille de 20h à minuit, puis également le matin même de 5h à 7h, et ensuite la journée pendant les offices... c’était la coutume pour la Toussaint.
Et voici ce que dit le maire :
“L’actuel cimetière est dans un état déplorable, il est installé autour de l’église, au centre du village, à l’inverse de ce qui se fait dans les autres communes de France où ce terrain est placé au dehors”... "Il est insalubre, on peut risquer des émanations dangereuses”...
"L’opinion publique est surexcitée en ce moment... Il y a quelques jours, deux fosses ont été creusées à 24 heures d’intervalle. Avec les pluies, la terre meuble s’est éboulée et les corps ont attendu plusieurs heures que le travail des fossoyeurs soit achevé”...
"A différentes reprises, les fossoyeurs ont dû briser à coups de hache le couvercle d’un cercueil pour donner la profondeur voulue à une fosse destinée à un autre, et des corps plus ou moins conservés ont été mis à nu, d’où une indignation pour cette sorte de violation et de mutilation d’un parent sur lequel la famille a prié pendant cinq ans, le temps légal”.
“Par ailleurs, les murs de la sacristie se lézardent par suite du creusement d’une fosse adjacente !”
A la suite de ce constat... accablant ; on vote pour la création d'une commission spéciale en vue de la création d'un nouveau cimetière. Et le 25 novembre 1892, l’achat d’un terrain pour le nouveau cimetière au lieu-dit “la Place” sur la route de Salmagne est enfin approuvé par 7 voix contre 4.
Le devis estimatif de départ pour l'achat du terrain, les murs en maçonnerie, et la porte avec grille en fer est de 4209 Francs.
Le terrain sera acheté à Mme Gabrielle Mathelin, et on a prévu de démolir l'ancienne maison de berger située à proximité, afin d'en récupérer les pierres qui serviront à la construction des nouveaux murs.
Le comité d'hygiène départemental donne un avis favorable au projet le 16 mars 1893.
Le 6 novembre 1893, on transporte la grande croix située en bas du village au milieu du nouveau cimetière, et la translation des nouvelles sépultures se fera à partir de 1894. L’un des tout premiers occupants de ce nouveau cimetière fut Mr BRYON, le maire, qui en avait obtenu la création, et décédé lui même le 16 mai 1894. Le premier curé fut ensuite l’abbé ROUYER, inhumé en 1899, au pied de la grande croix située au milieu de ce nouveau lieu de recueillement.
En 1904, on trouve encore la trace des familles qui, à la demande de Maître LARCHER, dernier notaire et ancien maire, aident par leurs propres deniers à l’entretien des tombes de l’ancien cimetière.
Mais la désaffectation définitive du cimetière autour de l'église est décidée : Les pierres tombales non enlevées au 1er avril 1906 seront vendues le dimanche suivant.
Pour les concessions, “il est demandé de consolider les monuments qui pourraient tomber, sinon ils seront eux aussi détruits”.

 


 

Quelques vues extérieures et intérieures de l'église

Meurtrières situées sur le mur côté Nord.

 

 

 

 

 

Les derniers vestiges toujours visibles de l'ancien cimetière situé derrière l'église.
La seule tombe encore intacte est celle de Jean Baptiste VARIN, maire de Loisey au début du XIXème siècle.

 

 

 

 

 

Plan du cimetière à la fin du XIXème siècle.
(Croquis Bernard Thomas)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'accés à la porte latérale côté sud de l'église et la croix en pierre inaugurée en 1839 à l'entrée de l'ancien cimetière.

 

Le mur latéral côté sud.

 

 

Le choeur de l'église en 2014.

 

 

Le choeur de l'église tel qu'il était avant les travaux de 1970.

 

Les grilles qui étaient auparavant devant le choeur ont été réinstallées devant l'autel de Sainte-Anne.

 

Piscine d'église

Deux niches trés anciennes ont été creusées de chaque côté du choeur. Nommées "piscines", elles étaient destinées aux ablutions lors des offices.

L'autel de la Vierge Marie.

 

 

L'autel de Sainte-Jeanne d'Arc.

 

 

le rappel de la loi au sommet de la porte d'entrée principale date de 1839.

Le grand portail de l'église.

Confessionnal du XIXème siècle.

La tribune où se trouvait l'orgue avant le transfert de celui-ci au fond du choeur.

Vue générale prise depuis l'entrée.

 

Détail d'une station du chemin de croix.

 

On devine légèrement sur la dalle martelée de Florent Claude du Châtelet, la forme en écu ou figuraient des armoiries.

L'orgue du XIXème siècle.

 

Détail de la voûte située à droite du choeur.

Ce bas-relief bien conservé est resté en place, appuyé contre le mur extérieur, face à l'ancien cimetière

Vue intérieure entre ombre et lumière.

Le vitrail de Saint-Rémi (patron de la paroisse) baptisant Clovis.

Les vitraux du fond du choeur de l'église.

Dans le choeur, un chapiteau de pilier agrémenté d'un angelot.

Des grappes de raisin ornent un autre chapiteau de pilier.

Une pomme de pin orne ce chapiteau de pilier.

Pavage croix de Lorraine du confessionnal

Détail d'une portion d'un pavage remarquable en croix de Lorraine situé devant le confessionnal sud.

Ancien bas relief style XVIIIe situé contre un des murs du choeur et ayant peut-être servi à encadrer une épitaphe

   
 

 


 

La paroisse.

Nous avons “fait le tour du cimetière", expression coutumière aux anciens du village. Et si nous regardions, maintenant, comment “fonctionnait” la paroisse ?
Elle était administrée par “La Fabrique” dont on retrouve des traces intermittentes dès la fin du XVIIème siècle. Le Conseil de Fabrique était composé de Fabriciens, Echevins ou Marguilliers (les appellations ont évolué). On trouve trace de Dominique HENRION et de Jean JEANNON, échevins à Loisey en 1687.
La Fabrique “tenait” la caisse de la paroisse, alimentée par des dons, legs, quêtes, prestations de certains services et surtout, vente de places de bancs. Avant la Révolution, la Fabrique avait une vocation assez marquée de banque, recevant et prêtant de l'argent ; en 1778, 68 débiteurs devaient plus de 8000 livres à la Fabrique qui prêtait au taux de l'époque : 5%.

Sous l'ancien régime, Florent-François DU CHATELET portait habit, épée, perruque... C'était la noblesse à un niveau élevé. Vignerons et paysans s'habillaient de vêtements en coutil avec pantalons... C'était le Tiers Etat.
Entre ces deux classes, on trouvait le clergé.
Le curé de campagne à Loisey portait soutane... Inséparable de la vie du village, il était vénéré.
Par l'entregent du seigneur, Jean Lemoine est nommé curé de Loisey en 1777. Chapelain de l' hôpital de Condé-en-Barrois, il en tirait des bénéfices liés à des obligations ministérielles. Outre la gestion de la paroisse de Loisey, il conservera charges (et bénéfices !) de son ancien poste... Il bougera beaucoup !
Dans le riche Barrois, le bénéfice d'un presbytère est recherché. Ainsi, la famille Vast de Culey s'endette auprès du notaire de Loisey, afin d'aider un fils diacre à vivre jusqu'à sa nomination de curé.
Ce "clergé du bas" fait corps avec l'Eglise de France, institution la plus puissante de royaume. Monastères, évêchés, fondations multiples la composent. L'Eglise a ses ressources propres, mais elle est critiquée pour l'impôt en nature qu'elle prélève dans les campagnes : La dîme !
On en trouve son application chez nous : Des "marchands" se chargent de rassembler les denrées prélevées, puis les revendent.
Prenant la suite de contrats antérieurs, Pierre Varin de Loisey (marchand de vin et d'eaux de vie ayant des comptoirs en Belgique) passe contrat en 1784, avec les prieurés de Richemont (Moselle) et de Reynel (Haute-Marne). Ces prieurés possèdent des biens sur de trés nombreux villages dont, entre autres, Loisey, Culey, Géry. Ils en perçoivent les dîmes... Pierre Varin fera réaliser les collectes, stockera les denrées dans des granges dîmeresses (il y en a une à Loisey). Puis il les revendra au gré des besoins de la population.
Il paiera les prieurés et en tirera bénéfice... C'est un banquier "en nature" !
Pour l'usage local, on prélève aussi "la dîme du pauvre"...
A Loisey, Pierre Varin la sous-traite avec quatre habitants (un maçon et trois vignerons) moyennant 174 livres par an. Cette dîme du pauvre sera versée à la maison de charité de Loisey (habitée par une "soeur de charité", pas obligatoirement religieuse), et qui pourra ainsi prêter de l'argent aux plus démunis... Sept ans aprés le décès du seigneur de Loisey, on lit sur le registre de cette institution que 41 prêts étaient consentis à des pauvres. A chaque reddition annuelle des comptes, on déchargeait les emprunteurs des intérêts qu'ils devaient.

Les archives antérieures à la Révolution sont assez rares. La période courte, mais tumultueuse qui suivit, pleine de souffrances pour les paroissiens, fut plus prolixe. En voici une récapitulation :

En 1789, le curé se nommait Jean LEMOINE, il était assisté de Mr BOHAIN, vicaire à Loisey, et CASTEL vicaire à Géry.
LEMOINE et BOHAIN prêtant le serment imposé avec addition, ne furent pas admis à rester. LEMOINE émigra en 1791 ; BOHAIN, ayant sans doute changé de position, fut muté. C’est Mr CASTEL qui devint curé constitutionnel de Loisey jusqu’en 1794.
Avant sa prise de fonction, Loisey, chef-lieu de canton, avait eu à supporter l’organisation d’élections qui durèrent 5 jours en mai 1790, avec comme bureau de vote l’église (le nombre d’électeurs, variant de 390 à 552). En mars 1792, on “imposa“ à des habitants récalcitrants d’assister à la messe du curé constitutionnel, d’où troubles. En juin 1793, les “bons citoyens” jugèrent, dans l’église, 76 de leurs concitoyens considérés comme suspects...
En février 1794, l’église est vidée des objets qu’elle contient, y compris des meubles, des tableaux, les vêtements liturgiques et aussi deux cloches. On signale des troubles qui amènent à l’arrestation temporaire de Mr CASTEL.
Voici donc une église quasiment pillée dans laquelle on martèle les pierres tombales et dont on détruit “le bandeau extérieur”.
Quand le culte catholique cessa-t-il ? Je n’ai pas de date précise, mais en juin 1794, on célèbre le culte de l’Etre suprême, avec procession d’un char, de statue, chants, guirlandes...
Arrêt du culte signifie : cessation des offices, mais aussi, plus de baptêmes, ni de mariages, et surtout, plus de funérailles. On enterre donc dans le cimetière tout proche, sans entrer à l’église... Et cela durera jusqu’en 1802. Le culte aurait pu reprendre à partir de 1800. Mais faute de prêtre, il ne fut rétabli qu’en mai 1802 par l’abbé LEMOINE, revenu d’exil quelques mois plus tôt.
De 1794 à 1799, l’église, appelée Temple de la Raison, servit à diverses cérémonies (Loisey, chef-lieu de canton, servait de point de rencontre pour certaines manifestations).
Dans l’administration de ce canton, on trouvait un “secrétaire général” du nom de Jean GAILLET ; personnage-clé qui ne changea pas de 1795 à 1800. Il était "obligatoirement" de toutes les cérémonies, y compris celles qui se déroulaient dans le Temple de la Raison. Il demeurait avec sa femme (quelques temps institutrice) au presbytère.
Or, Jean GAILLET, antérieurement prêtre à Varennes-En-Argonne, s’était marié après avoir prêté le serment constitutionnel. Il avait quitté son ancienne paroisse, et était arrivé à Loisey en 1794 où il était employé comme greffier chez le notaire MOREL (Celui-ci étant devenu ensuite “président du canton” en 1795). Jean GAILLET avait alors accepté le poste de secrétaire, avec administration et logement au presbytère.
Ce tout petit “cours d’histoire” vous fera mieux comprendre quels pouvaient être les sentiments des paroissiens lorsque les “décadi, mariages civils, fête de la juste punition du Roy, lecture du catéchisme républicain”, et autres fêtes, se succédaient hors de l’église ou dans celle-ci en présence (et même en partie, sous l’autorité) de Jean GAILLET.
La forte émeute dirigée contre l’administration du canton et son secrétaire (à l’occasion de l’arrestation de Jean VAST, prêtre clandestin et ancien déporté, originaire de Culey) a certainement sa source dans l’état d’esprit de la population. Cette émeute n’empêcha pas de poursuivre les cérémonies républicaines dans l’église de Loisey jusqu’à la fin 1799, date de la dissolution du canton de Loisey.
Le coup d’état de BONAPARTE, le 18 Brumaire (9 novembre 1799), transforme bien des choses ; le canton de Loisey est dissous, la persécution religieuse cesse. L’obligation des rites républicains ayant disparu, l’église de Loisey n’est plus utilisée.
L’abbé LEMOINE, rentré d’exil, reprend petit à petit ses activités. Il bénit l'église le 25 mai 1802, et écrit “Qu’elle avait été employée à toutes sortes d’usages profanes et se trouvait dépourvue de tout ornement... Les habitants de la commune étaient remplis de joie” (due à sa réouverture).
Pour ce XIXème siècle qui commence, je vais résumer un peu la situation : BONAPARTE réimplante officiellement le culte catholique ; les prêtres sont nommés à leur poste en 1803, sous les ordres d’évêques ayant reçu l’aval du Gouvernement ; les associations sont interdites ; la confrérie de Notre-Dame Auxiliatrice créée à Loisey est dissoute en décembre 1809. La tenue vestimentaire des prêtres est réglementée ; les Conseils de Fabrique sont rétablis avec un règlement ; ils sont indépendants des communes.

 

 

Décret impérial du 30 décembre 1809 concernant les Fabriques.

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En 1800, la paroisse est ruinée ; les titres justifiant les prêts ont été brûlés ou lacérés ; les 5 titres restant sont bloqués par l'administration.
Lorsqu’on ouvre la caisse de la Fabrique, en 1804, en présence du receveur de la Fabrique et du maire, on y trouve 6 pièces de 10 livres en bon état et 44 pièces martelées et démonétisées... C’est Jean GAILLET (devenu secrétaire de mairie) qui a ouvert la caisse...
La première action du Conseil de Fabrique consiste à faire rentrer de l’argent pour remettre la “caisse à flot”. Donc, première vente de bancs en 1803, avec un rapport de plus de 1800 F : combien de places ? Je ne sais pas. Mais par comparaison, en 1823 (environ 800 habitants), on vendait: 243 places aux hommes, 281 aux femmes... plus 16 chaises, 3 ans plus tard.
Deuxième acte important : En septembre 1805, on remet en place 2 cloches, après les avoir pesées. Il a fallu démonter et remonter le mur du beffroi et faire 3 lucarnes dans la toiture, car “L'air y était trop concentré par les sonneries”.
La période napoléonienne amène une église catholique réglementée et surveillée. Avec la Restauration, suivra une église imposée et, elle aussi, très réglementée. Elle correspondra à “l’âge d’or” du village : La population atteindra 858 habitants en 1850. Il y a réglementation dès la reprise du culte : Celle des Conseils de Fabrique, puis, en 1828, réglementation sur les chantres (18 articles) ; sur les sonneurs et sacristains, autant d’articles... Dans chaque cas, on précise les charges et devoirs de chacun, les qualités requises pour y accéder. Ceci s’ajoute aux réglementations émises par la mairie dans son domaine : Agriculture, vigne, maintien de l'ordre, hygiène, sonneries civiles, scolarité... avec parfois des interférences : Ainsi, le chantre, maître d’école à Loisey, interrompt ses cours pour chanter un mariage (ou un enterrement), en y amenant les enfants. Le maire interdit cette pratique, le chantre obtempère, mais perd ainsi une partie de ses revenus, d’où récrimination écrite...
La fonction de banque de la Fabrique s’amenuise, mais elle continue à recevoir legs et fondations, dans lesquels les donateurs précisent leurs conditions : Leur acceptation par la Fabrique est soumise à acte notarié et aval de l’évêché... Administration lourde...
Il y a les dépenses d’ordre courant ; tout ce qui est nécessaire à l’exercice du culte : Vêtements, ornements, produits, luminaires, sans oublier le fonctionnement des cloches. Les grosses réparations et investissements amènent Fabrique et Municipalité à se mettre ensemble... et parfois s’opposer. En 1821, devant le peu d’empressement à régler une facture de réparation, le maire fait une avance sur ses propres deniers...

Fête de l'Être Suprême.
(Document Wikipédia, domaine public libre de droit)

 

 

 

 

 

 

Le clocher.

Le XIXème siècle verra se mettre en place ce que nous retrouvons encore aujourd’hui.
En 1825, début de l’érection du clocher et de ses chapelles latérales “pour que le son des cloches soit entendu aux extrémités du village” et “pour que le sanctuaire de la divinité impose le respect au-dehors et au dedans par la majesté de l’édifice et celle du décor”. (Mr J.B. VARIN est maire, Mr LAMPSON est curé).

Notez que la construction clocher-chapelle ampute sérieusement le cimetière, alors que la population augmente.
Dans l’entrée principale, au-dessus de la porte, le rappel de la loi sur le respect du culte (qui est encore en place aujourd’hui) date de 1839 : Pour les turbulents, il y a des limites à ne pas franchir, dix ans de Révolution ne sont pas oubliés...
Dans les chapelles du clocher, on est surpris de trouver deux autels votifs du XVIIIème siècle... Où se trouvaient-ils avant 1825 ?
“Sous les cloches”, deux dalles funéraires martelées : A gauche, celle de Florent-Claude, Marquis du CHÂTELET (le mari de la Marquise), à droite celle de son frère Florent-François du CHÂTELET, dernier occupant du château. Cette dalle est cassée en plusieurs morceaux. J’émets donc l'hypothèse suivante : Ces deux pierres tombales se trouvaient au pied du choeur. Martelées à la Révolution, l'une d'elles fut brisée par une chute de pierres provenant de la voûte. Elles furent transférées ensuite sous les cloches.

 

Pierre tombale du Marquis Florent-Claude Du CHÂTELET (1695 - 1765) (Seigneur de Cirey-sur-Blaise, mari de la Marquise du Châtelet)

<< Ci-gît Florent Claude Marquis du Châtelet Lomont. Lieutenant général des armées du roi. Grand-Croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. Grand chambellan du roi de Pologne. Duc de Lorraine et de Bar. Gouverneur des villes de Toul et Semur. Grand bailly d'Auxois, Saarlouis, Lamarche etc. Seigneur de Cirey et autres lieux. Décédé au château de Loisey le 28 novembre 1765 dans la 71ème année de son âge. Issu d'une des branches de la Maison de Lorraine, il soutint l'éclat d'un nom illustre. Ses vertus et sa valeur pendant sa vie égalent sa piété et sa résignation dans les derniers moments. Priez Dieu pour le repos de son âme. >>

Pierre tombale du Chevalier Florent-François Du CHÂTELET (1700 - 1783) (Dernier seigneur ayant habité près de 20 ans en permanence au château de Loisey)

<< Ci-gît très haut, très puissant et très illustre seigneur messire Florent François du Châtelet. Chevalier non profès de Saint-Jean de Jérusalem. Lieutenant général des armées du roi. Gouverneur de Hennebont et de Quimperlé. Né à Dunkerque le 24 novembre 1700. Il s'est parfaitement distingué par ses qualités militaires et ses vertus sociales. Il vécut en sage au milieu de ses vassaux dont il faisait le bonheur. Il avait servi l'Etat pendant un grand nombre d'années et mourut dans son château de Loisey le 17 juillet 1783, universellement regretté. Requiescat in pace >>

 

 


Entre 1830 et 1850 : On reçoit don d’une petite cloche. On met en place : La tribune de l'orgue, l’ensemble autel, chaire à prêcher, confessionnaux (ensemble fortement modifié depuis), le chemin de croix, le tableau de Saint-Jean-Baptiste.
Entre 1850 et 1906 sont mis en place : Un lustre (disparu depuis), plusieurs vitraux dont celui de Saint-Rémi, d’abord installé au choeur, puis à la modification de ce dernier, posé dans l’autel de Sainte-Anne.
Il y a de grosses réparations : Murs et plafonds des chapelles en 1858, charpente en 1876, voûte en 1880. De celle-ci sont tombés des moellons et d’autres menacent, d’où la décision de surélever la voûte de la grande nef de 2 mètres et les voûtes des nefs latérales d'une hauteur proportionnelle. A ces travaux, on ajoute la modification du choeur qui passe du plan carré au plan polygonal actuel.
Ces réparations coûtent cher et il y a probablement diverses péripéties: Le curé avance 7193 Francs pour cette réfection ; la commune vend deux coupes extraordinaires en forêt pour le rembourser : 3000 Francs en 1883, 2600 Francs en 1885. (Maire : Mr BLAISE-SAINTIN - Curé : Mr ROUYER)
On peut observer les modifications du choeur : Les chapiteaux des piliers agrémentés d'angelots, de raisin, d'épis de blés (peut-être les symboles de l'activité du village). Mais que signifie le fruit ressemblant vaguement à une pomme de pin ?
Les modifications des voûtes ne sont pas décelables.
Il ne reste qu'une partie des statues de style sulpicien mises en place au XIXème siècle.

J'ai eu plus de difficultés pour retracer la vie de l'horloge :
On en signale une en 1814, une autre en 1825 avec un cadran. On la déplace en 1827 en donnant quelques détails ( Roue de cadran étoilée, verges et aiguilles dorées aux deux extrémités, le fond blanc, les angles couleur bleue décorés d'une fleur de lys, la corniche jaune...)
En décembre 1845, on achète une horloge à M. Simon, horloger à Neuville en Verdunois, pour le prix de 900 Francs.
On parle ensuite d'une horloge à deux cadrans en 1855.
Enfin, en mars 1879, on achète à Mr Nicolas Maxe, horloger à Bar le Duc "Une horloge toute neuve sonnant les heures, les répétitions et les 1/2 heures - Remontage une fois par semaine."
Les archives connues n'en disent ensuite pas plus pour le XIXème siècle !

Puisque nous sommes dans le clocher, faisons le parler...

L'activité des cloches fut trés "encadrée" au XIXème siècle. En 1836, Evêque et Préfet établissent un "réglement du clocher". Le curé aura seul le droit de faire sonner :
- Les angélus matin, midi, et soir; les messes,vêpres, autres offices, le catéchisme.
- Les événements joyeux : Baptêmes, mariages, communions, confirmations, visites de l'Evêque, du Grand Vicaire, du Doyen.
- Les moments de tristesse : Communion d'un malade, les derniers sacrements (appelés alors extrême onction), convois mortuaires, inhumations.
On sonne également les fêtes publiques ordonnées par le gouvernement ou bien lorsque le concours des habitants est nécessaire : Les incendies, inondations, arrestation de malfaiteurs, appel des citoyens aux assemblées électorales convoquées, appel des enfants des écoles, annonce du ban de vendanges.
...C'est un réglement assez dense... Fut-il appliqué en totalité ? Je ne sais pas. Mais à Loisey, on ajoute en 1844 (et on le rappelle ensuite jusqu'en 1856) : Une sonnerie à la retraite qui sera faite tous les soirs pendant 1/4 d'heure, à 9h le soir entre le 1er novembre et le 1er mars ; à 10h, entre le 1er mars et le 1er novembre. Cette sonnerie ordonnera la fermeture des cafés, l'interdiction de rassemblements, bruit, tapages.
Cette dernière obligation dérange... les sonneurs, qui se plaignent au maire !
Aprés la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1906, le réglement est revu :
- Les sonneries religieuses, comme antérieurement ;
- Les sonneries civiles seront ordonnées dans les occasions suivantes : Passage du Président de la République, veille du 14 juillet, et le 14 juillet matin et midi, incendie, invasion, émeute. Et, en cas de nécessité publique : Appeler les enfants à l'école, ouverture des séances du conseil municipal, ouverture et fermeture du scrutin le jour d'élection, ban de vendanges, heure des repas et reprise du travail des ouvriers dans les champs (en somme, les angélus).
Les sonneries seront de 10 minutes pour l'ordinaire, 30 minutes pour l'exeption.
L'électricité arrive à l'église en 1927, fait fonctionner le soufflet de l'orgue en 1949, fait sonner les cloches en 1952, et fonctionner l'horloge en 1955 (Elle a depuis 4 cadrans).
Voici l'histoire du clocher; en fin d'article, je vous parlerai de ses locataires : Les cloches.

Le nouvelle centrale de commande des sonneries du clocher et son horloge radiopilotée qui nous donne l'heure exacte sur les 4 cadrans depuis une dizaine d'années.

 

 

L'ancien système de commande des sonneries et son horloge à balancier. (Horloge Mamias de 1955)

 

 

 

Le système d'entrainement des aiguilles de chacun des 4 cadrans de l'église traverse les murs du clocher et son boitier est solidement fixé à la charpente.

 

 

 

Le cadran d'horloge côté Sud, le plus récent,
a été monté dans les années 1950.

 

 

Le déclin.

Revenons un peu en arrière. Napoléon avait dissous, à Loisey, la confrérie de Notre-Dame Auxiliatrice. Celle-ci renaît en avril 1837, sous le nom de Notre-Dame Auxiliatrice de Namur.
S'y inscriront, entre 1838 et 1870 : 373 hommes et 462 femmes de Loisey, 168 hommes et 836 femmes de paroisses différentes, voir hors département, ce qui donne l'importance et le rayonnement de cette confrérie... et de la paroisse.
Il est agréable de noter que c'est Mr VARIN, Vicaire Général de Verdun et enfant de Loisey, qui signe l'acte de "renaissance".

La loi de séparation entre l’Eglise et l'Etat est appliquée en 1906 sur un village - donc une paroisse - qui venait de subir, en un demi-siècle, une véritable hémorragie de population. De 858 habitants en 1851, on est arrivé à 422 habitants en 1906 (dès 1859, 60 places de banc étaient devenues disponibles dans l'église).
La loi de séparation met sous séquestre les biens de la Fabrique : Neuf titres d’une valeur totale de 17400 Francs, rapportant 522 Francs, plus 367 Francs de rentes de titres extérieurs. Le mobilier est constitué de 72 stalles, bancs, meubles divers, et 484 articles de toute nature dont 55 provenant de dons. L’estimation totale, titres compris, est arrêtée à 33922 Francs. Un seul incident : Le donateur d’une lampe avait repris son don après l’inventaire. Il dut la rendre.
(Le maire était Mr LARCHER, le curé Mr LECHAUDEL).

La paroisse, déjà exsangue par rapport à ses lustres passés, vivra modestement, mais vaillamment la première moitié du XXème siècle. Il y a encore majorité de pratiquants dans la population.
Dans la seconde moitié du siècle, la pratique religieuse diminuera progressivement, devenant très minoritaire dans le village.
Les maires et les curés pour cette deuxième période :
Mrs ROUSTANG, LOZAHIC, ZINSZ, pour les maires,
Mrs DELACHAUX, SCHMIT, les Pères AUGUSTIN et FRANÇOIS, pour les curés.
Ils ont travaillé la main dans la main pour entretenir l’héritage de nos ancêtres. On a conforté les bâtiments, réparé les dégâts causés par les hommes ou les intempéries, fait entrer le progrès au même pas que dans la vie courante.
Depuis 1960, et pour l’adapter aux besoins du temps, on a modifié profondément, harmonieusement, l’intérieur du sanctuaire en utilisant et en adaptant le mobilier ancien. Voilà une belle réussite ! La dernière étape a consisté à transférer les orgues au fond du choeur. Ce qui fut l’occasion, en 1990, de la dernière visite de notre Evêque. Il y eut, bien sûr, une belle cérémonie... Et quand on aborde ce sujet, les anciens vous diront de ce qu’ils ont connu “dans le temps”... Ecoutons-les.
Mais avant de relater ces souvenirs (somme toute assez récents), laissez-moi vous conter la visite anecdotique d’un évêque, il y a bien longtemps...
Monseigneur THYART DE BISSY, évêque de Toul, fit visite aux trois paroisses de Culey - Loisey - Géry, à l’occasion de la Fête de la Sainte-Trinité le 13 juin 1688. Après les Vêpres, toutes les femmes étaient réunies dans l’église de Loisey. Claudine COLLANT, épouse de Jean PREVOST, fut choisie pour l’accouchement des femmes de la paroisse. Aucune ne s’opposa à cette nomination qui fut faite devant le Saint-Sacrement et en présence de Monseigneur l’Evêque qui l’examina et la trouva capable d’exercer les fonctions de matrone. Le curé se nommait Hyacinthe PASQUET...

Les premiers souvenirs de nos anciens, ce sont les cloches qui les apportent... Elles ont eu comme derniers sonneurs, Mr et Mme Raymond PREVOST. A la Toussaint (je l'ai raconté), les sonneries répétées du glas étaient particulièrement lugubres ; mais à l'opposé, il y avait la gaieté de l'angélus du frais matin qui vous surprenait aux champs, la joie de la libération, sonnée à toute volée, pendant que le prêtre chantait un Te Deum dans l'église... Les cloches du Samedi Saint revenant de Rome, déposaient, pour les enfants, des oeufs dans les jardins et reprenaient bruyamment leur place pour le chant du Gloria.
Il y avait le catéchisme, tous les matins à 7h, à l'église, pour les futurs communiants.
Je note, pour mémoire, la messe, les vêpres ou complies du dimanche, les offices suivis par la population pratiquante dont, obligatoirement, leurs enfants. Et puis, il y avait les processions : Le 15 août, la Fête Dieu, partant de l'église, enfants en tête, lançant des pétales de fleurs puisés dans un petit panier ; le prêtre élevant l'ostensoir, abrité par un dais que quatre hommes portaient. Le cortège se dirigeait vers l'un ou l'autre des reposoirs que la population avait érigés devant telle ou telle maison.
Les derniers chantres accompagnant le cortège furent Ernest TOUSSAINT de Loisey, et Mr GRATTE, venant de Salmagne à vélo ou à pied, et qui lui aussi, "touchait" l'orgue...

Voici, trés brièvement, ce que fut la vie de notre église... Beaucoup d'anecdotes, relevées dans les archives, auraient alourdi un texte qui n'est pas déjà trés aéré...
J'aime l'Histoire... qui me le rend bien mal, en me privant du don de la clarté.
Ceux qui reprendront l'histoire de notre paroisse à partir de ce jour n'auront pas cette difficulté.
Entrée lentement en léthargie, elle ne vit plus que d'un tout petit filet de pratique religieuse, perdu dans l'apparente indifférence de nos concitoyens.
Il arrive pourtant qu'un mariage réunisse une bonne assemblée, et que la chorale exprime sa foi avec beaucoup de conviction et de talent... Les cloches, alors, sont heureuses.
De même, il est encore dans la coutume d'accompagner nos parents ou frères défunts en passant par l'église : Les cloches pleurent. Mais la chaleur de la communauté nous rassure, le prêtre nous réconforte, et tous ceux qui passèrent là... pendant six xiècles au moins, accueillent le nouvel arrivant.

Au milieu de notre monde matérialiste et indifférent, le dernier appel du sacré est lancé par nos cloches.
Cette dimension, spirituelle pour les uns, sentimentale pour les autres, est-elle à mépriser ?
Oui, si nos vies ne sont qu'animalité... Mais les animaux n’ont pas de patrimoine...
Si nous pensons en avoir un, il est fait d’édifices de pierres et de vie : Une histoire que j’ai essayé de vous raconter ici et que les cloches, tous les jours, nous rappellent.

Bernard THOMAS

 


 

Fête de la Pentecôte et communions solennelles à Loisey en juin 1966. (film muet)

 

 

Installation du Père Charles FRANCOIS, curé de Loisey de 1974 à 2002. (film muet)

 

 

 

Bulletin d'adhésion à la confrérie de Notre-Dame Auxiliatrice, une association religieuse trés en vogue à Loisey au XIXème siècle.

 

L'église et la place de la mairie au début du XXème siècle.

 

 

L'intérieur de l'église tel qu'il fut de 1890 à 1970 avant les importants travaux de modification du choeur et de divers éléments.

 

 

Communions solennelles dans l'église de Loisey en 1958.
Abbé Bernard Schmit , curé de Loisey de 1954 à 1967.

 

Communions à Loisey en 1966.

 

 

Visite à la paroisse de Monseigneur Marcel Herriot, évêque de Verdun. (Fin des années 1980)

 

 

 

Les cloches de Loisey.

Dans le clocher, trois cloches disposées d'Ouest en Est :

Ces 3 cloches de dimensions et de formes légèrement différentes ont été fortement dégradées par les déjections de pigeons. Elles ont une envergure d'environ un mètre de diamètre sur un mètre de hauteur.
Elles devraient avoisiner les 1000 kg chacune vu les cloches d'église semblables qui ont été fondues en France à la même époque.

Cloche n°1 (Ouest) :
1801 (?)
Bénie par M. Rémy VARIN
Parrain : M. Jean-Baptiste VARIN
Marraine : Dame Bonne-Julie BERNIER
Figurine : Un prêtre en prêche

Cloche n°2 (Nord) :
1870
Bénie par M. REMY
Parrain : Pierre-Emile TOUSSAINT
Marraine : Marie-Odile-Alix BLAISE
"J'ai été fondue sous l'administration de M. Sébastien VAUTRIN"
Figurine : Un saint (Saint-Joseph ?)

Cloche n°3 (Est) :
J'ai été nommée Ernestine Marie Irma
Parrain : Ernest GENTILHOMME
Marraine : Marie-Irma GENTILHOMME
En souvenir de Marguerite GENTILHOMME
Bénie en 1887 par M. le Doyen de Ligny, sous l'administration de M. Pierre BLAISE, Maire de Loisey
Pasteur Abbé ROUYER, curé de la paroisse
Figurine : Christ en croix

Dans le clocheton en haut de l'édifice : Une cloche fixe.
Elle est accrochée à la charpente par le sommet.
Elle n'est pas montée sur un mouton et n'a pas de battant.
Elle possède un marteau qui frappe sur le bord extérieur.
Elle est actuellement inaccessible et on ne connait pas les éventuelles inscriptions.

 

Histoire de ces cloches retrouvées dans les archives :


Cloche n°1 :
Baptisée le 24 Brumaire An XIII (soit le 15/11/1804)
Les parrain et marraine sont :
- Jean-Baptiste VARIN (Il deviendra maire de Loisey; c'est sous son administration que sera construit le clocher actuel en 1825. Il est enterré dans la seule tombe restant contre le choeur de l'église).
- La marraine est Bonne Julie BERNIER, sa femme.
De cette famille est issue la banque VARIN-BERNIER de Bar le Duc.
Rémy VARIN, prêtre, qui aurait dû baptiser, était sans doute absent; il était représenté par Louis BAUDOT, curé de Loisey.
(Rémy VARIN était le frère de Jean Baptiste VARIN).
Cette cloche nous rattache à la Révolution; aprés la bénédiction, elle a été placée dans l'ancien clocher jusqu'en 1827.

Cloche n°2 :
Une petite histoire : Le curé n'aurait pas pris la peine de chercher un parrain et une marraine pour cette cloche ; c'est le maire qui s'en chargea.
Les deux pères des parrain et marraine , trés heureux que leurs enfants fussent choisis, donnèrent chacun 50F à la commune.
Le curé ayant appris cela, fit des pieds et des mains pour obtenir ces deux sommes, ce qui fit l'objet d'une longue contestation (Les deux parents étaient les deux chantres de l'église).

Cloche n°3 :
Je n'ai rien trouvé... jusqu'ici !

La cloche fixe dans le clocheton :
Je ne peux que m'interroger ! On ne peut y accéder et donc nettoyer la cloche qui livrerait, peut-être, son secret.
Cette cloche servit à faire sonner le tocsin à l'aide d'une corde jusqu'au milieu du XXème siècle. La corde fut à un moment donné, enlevée, et la cloche n'a pas été utilisée depuis...
Est-ce la petite cloche donnée en 1830 par M. VARIN-BERNIER ? M. l'abbé LAMPSON l'avait baptisée Jeanne-Sophie. Elle a eu pour parrain Jean Baptiste JEANNON et pour marraine Delphine BICHEBOIS.

 


 

On trouve également la trace du baptême d'une cloche dite "La 2ème cloche de la paroisse de LOISEY" le 20 mars 1718.
A cette bénédiction de cloche assistaient : Georges-Gabriel Comte de MONTBELIARD DE FRANQUEMONT, Seigneur d'Erize et de la terre de Pierrefitte en partie, Chambellan de son Altesse Royale, et Dame Catherine DU BARROIS, son épouse.
Vu ce baptème dit de "2ème cloche", on peut donc penser qu'une première cloche existait avant 1718, et que ces deux cloches (qui ne sont plus dans le clocher) disparurent à la Révolution.

A noter encore dans les archives une autre trace d'une cloche (également disparue à la Révolution), et bénite le 23 juin 1765 par l'abbé Thiriot, curé de Loisey et de Géry, et qui avait comme parrain et marraine le Chevalier Florent-François du Châtelet et sa soeur Marie-Madeleine-Suzanne.
Ces derniers étaient représentés lors de la cérémonie par Mr Jean Perard et Mademoiselle Marie Gérard, tous deux au service de Mr du Châtelet.
Mr Jean Perard était la plus haute autorité financière de la chatellenie de Pierrefitte et résidait à l'actuel 83 Grande Rue à Loisey.
Mlle Marie Gérard était "gérante" du château de Loisey où elle résidait.
Ils ont signé l'acte de baptême avec un dénommé Gentilhomme, habitant sans doute le village...

Acte de baptème cloche  1765 Loisey

Acte de baptême d'une cloche bénite à Loisey en 1765
(Document des Archives départementales de la Meuse pour Mr Olivier Zinsz)

 


 

Les cloches de Loisey : La sonnerie de l'angélus du dimanche

 


 

Je remercie trés vivement Mrs. Gilbert et Ludovic PREVOST qui ont réalisé en 1998 un travail de nettoyage important des trois cloches, dans des conditions assez périlleuses.
Ils m'ont permis de publier "l'état civil" des cloches.

Bernard Thomas

 


 

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Cloche n°1 Ouest : Aspect général.

Cloche n°1 Ouest : Détail sur les inscriptions.

 

Cloche n°2 Nord : Aspect général.

Cloche n°2 Nord : Vue sur le lourd battant situé sous la cloche.

 

Cloche n°3 Est : Aspect général.

 

 

Cloche n°3 Est : Vue détaillée de l'un des électrotinteurs qui permet de sonner les 1/2 heures et le nombre de coups à chaque heure passée.

 

Vue détaillée sur l'un des énormes moutons en bois où la cloche est fixée et les chaînes d'entrainement permettant à la cloche de sonner à la volée.

Vue détaillée sur les trois moteurs électriques qui permettent aux cloches leur balancement automatique et le boitier d'entrainement des aiguilles de cadrans.

 

Le clocheton situé au sommet de l'église avec sa cloche fixe.